Ce récit est celui des retrouvailles entre une fille et sa mère. Une mère qui n'a plus toute sa tête.
Et une fille qui va retrouver sa mère, seize ans après que cette dernière l'ait abandonnée sans explication alors qu'elles vivaient toutes deux sur une péniche. Le roman, conte gothique construit un peu comme une enquête, s'apparente à une lettre d'une fille, Gretel, à sa mère et constitue une tentative pour se souvenir de ce qui s'est passé pendant l'enfance. Ce prénom, Gretel, n'est pas anodin. C'est un pont vers le conte, notamment vers les histoires que l'on se raconte et fait référence à nos imaginaires. D'autre part cela évoque la quête de Gretel qui "suit les miettes de pain laissées pour elle par sa mère" pour rassembler les récits et reconstruire son histoire.
Le point de départ de l'auteure était l'envie de réécrire une histoire, de prendre un texte classique, de le détruire pour le reconstruire de manière totalement différente. Le livre s'appuie ainsi sur le mythe d’œdipe, un mythe sombre qui parle de famille et de destin. Le défi était de se saisir de ce mythe pour l'inscrire dans un domaine contemporain.
Comme dans les mythes et les contes, tout ce qui arrive aux personnages semble inévitable. Ils sont totalement piégés. L'histoire semble s'écrire d'elle même. Un des éléments importants du récit est l'eau et la dimension aquatique. Une chose effrayante est toujours présente dans la rivière, environnement quotidien dans lequel évoluent nos personnages. Cette chose menaçante nage vers eux, leur tourne autour, s'approche... C'est un livre vraiment surprenant et détonnant d'une incroyable maturité pour un premier roman. Un roman noir et poétique, dérangeant et fascinant.