Parce que c'est un réquisitoire, Bartolomé de Las Casas, théologien reconnu et proche de Charles Quint, n'a pas le choix quand il alerte sur le génocide amérindien : il faut émouvoir, ouvrir les yeux, pousser au repentir des chrétiens espagnols semant l'enfer sur des populations indiennes idéalisées, presque adamiques.
De Las Casas est emphatique, volontairement répétitif, sa puissante et émouvante rhétorique insiste : il est urgent de convaincre car les chrétiens d'Amérique perdent leur âme en commettant l'inacceptable. Manichéenne, la plaidoirie de De Las Casas oppose un éden indien de vertu à des Espagnols cupides et destructeurs du paradis. Mais de Las Casas est un homme d'église : c'est de futurs chrétiens à convertir qu'il s'agit, il n'est pas question de respecter leur identité première : l'indien est l'Homme d'avant la faute, le conquistador est l'Homme d'après.
Il n'empêche, De Las Casas écrit un minutieux et terrible témoignage des massacres des natives, et cette évocation d'un génocide qui reste le plus important jamais perpétré participera largement à la reconstruction d'une identité culturelle indigène.
TANDIS QUE MOI QUATRE NUITS