Je n'avais pas lu de livre du genre "horreur/épouvante" depuis mon enfance, d'abord parce que je suis facilement impressionnable dans ce domaine et également parce que je trouve que c'est un genre stéréotypé au possible, peu pourvu en nuance et en subtilité. Il n'était donc pas inutile de me faire une petite piqûre de rappel d'autant plus que si Troupe 52 est un ramassis de clichés, il ne ferait même pas frémir un enfant de huit ans. Non pas que je ne goûte pas le bel hommage à Sa Majesté des mouches qui démontre une certaine culture littéraire de l'auteur, mais la vulgarité et l'immaturité profonde qui émaillent ce livre m'ont exaspéré à de nombreux égards. Troupe 52 est donc un roman qui raconte l'histoire d'un groupe de scouts parti en expédition sur une île et qui se retrouve confronté à une sombre épidémie, qui permet d'exhiber le véritable visage de chaque jeune garçon face aux difficultés. Cependant, malgré une belle idée qu'on sait un peu usée jusqu'à la corde, le marketing ne prend pas, même avec les nombreuses citations de "génie" de la médiocrité littéraire américaine sur la couverture. Troupe 52 parvient même à être moins effrayant qu'un simple petit roman de la série Chaire de Poule tant non seulement le roman n'est pas d'un point de vue narratif effrayant, mais ne parvient même pas à créer une ambiance un tant soi peu glauque, à peine correctement gore.
Néanmoins, la structure narrative n'est pas mauvaise car l'auteur semble savoir ficeler son récit, avec un nombre important de retours en arrière, et avec un savoir-faire qui est évident qui rappelle les grands classiques du roman contemporain américain. En revanche, chacun sait que le genre repose sur des personnages forts. Ainsi, les cinq petits jeunes qui sont les véritables protagonistes auraient du recouvrir une densité réelle mais malgré quelques efforts salutaires, ils ne restent que les caricatures d'eux-mêmes, sans nuance, avec un destin dont on pourrait deviner l'avance le tragique aboutissement. Il y a un véritable manichéisme dans le traitement de la plupart des personnages et surtout, l'auteur se complaît dans une théorie et un champ lexical de la virilité nauséeuse, comme s'il était resté coincé dans une cour de collège. Quant au sentiment de peur ou de dégoût, il est réellement inexistant, et cela n'est pas l'avis d'un lecteur blasé sur ces questions, bien au contraire. La médiocrité du roman est particulièrement palpable en ce qu'il s'agit de la fin du roman, et de l'aboutissement final, dont il est clair qu'il a été rajouté à la hâte à la fin. Et pour conclure sur la trame générale, elle est passable, bien que non-cohérente et faussement cynique. A la fin, une seule question : fallait-il couper des arbres pour éditer un livre pareil?