"Un arrière-goût de rouille", premier roman de Philippe MEYER (Ed.: Denoël, 2010 pour sa traduction française) m'a laissé un petit goût de plaisir mitigé. Le thème de l'Amérique dont l'industrie s'étiole et dont le tissu social se détricote est un thème porteur. Il est si facilement transposable dans nos anciennes cités industrielles. Les banlieues de chez nous ont bien des points communs avec celles de là-bas. Les thèmes de la résistance aux changements, de la peur de l'à-venir, de la fidélité au clan, à la parole tacitement donnée. Celui des petites ou grandes compromissions avec les valeurs de droit, d'intégrité morale et de défense des amis, de la famille, des proches, celui de la résilience, mise à mal devant l'accumulation des coups que la vie porte à certains, plus qu'à d'autres ... tous ces sujets présents dans le roman sont d'une cruelle actualité chez nous aussi. Observer ce monde à travers le prisme d'un autre continent est révélateur. Il y a plus qu'une invitation à se poser des questions sur nos valeurs, nos forces et faiblesses, nos combats pour que tout demeure ou que tout change, pour qu'un mixte des deux positions puisse nous rendre un équilibre social.
Mais l'écriture n'est pas, à mes yeux plaisante. Très découpée, dans un phrasé peu équilibré, multipliant les discours intérieurs, les points de vue différents selon le regard des protagonistes... Lourd, lourd, lourd! Peut-être est-ce dû à la traduction? Je n'en sais rien. Toujours est-il que je n'ai jamais ressenti, à la lecture, le plaisir d'une phrase que j'avais envie de relire pour sa formule, sa sonorité, sa pirouette stylistique, son humour ou un clin d'œil au lecteur. Dommage.
Un livre à lire donc pour son seul côté documentaire, reflet d'une société dont la résilience est à l'épreuve. Ce qui, après tout, n'est peut-être déjà pas si mal! À chacun de voir!