Un fils parfait
Il y a quelques semaines je découvrais le premier roman de Mathieu Menegaux "Je me suis tue", j'avais adoré, j'ai donc décidé dans la foulée de lire le second que voici. Une fois encore, bravo...
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le 17 juin 2018
Tout à commencé par le pitch de l'écrivain rencontré à l'occasion du salon du livre du Touquet. Il nous a (ma soeur puis moi) présenté sans crier gare son ouvrage relativement mince à la couverture assez austère et au titre plutôt quelconque. Il faut dire qu'il avait l'air assez disponible et en quête de lecteurs curieux comme nous qui étions dans un premier temps venus rencontrer les têtes d'affiches. A croire que les meilleures surprises sont souvent sur les autres stands.
Honnêtement je n'avais jamais entendu parler de lui ou de son oeuvre mais en quelques phrases il a insuflé de l'intérêt dans nos esprits intrigués par une sordide histoire de famille inspirée de faits rééls bien que "cela ne se termine pas exactement de la même façon", précisa-t-il.
Tout d'abord, l'écriture est simplement belle et agréable. La surprise vient aussi du talent de l'écrivain qui endosse sans effort la voix d'une narratrice en vaine de confessions relativement intimes sur sa vie de famille et la sexualité au sens large dirons nous. Tout le récit est le monologue d'une mère de famille qui s'adresse à sa belle mère qu'elle :
1/ soupçonne d'avoir une part de responsabilité dans le comportement prétendument déviant de son fils, et son époux à elle. Elle cherche à comprendre donc cette part d'ombre qui éclabousse son foyer idéal, et qu'elle n'a pas vu venir.
2/ elle veut se justifier enfin en donnant sa part de vérité concernant les évenements graves relatés puisqu'elle rédige a posteriori. Elles sont mères toutes deux et la narratrice sait bien qu'une mère peut manquer de recul ou d'impartialité concernant son enfant.
Je rejoins pour certains aspects un avis sévère (pour la note) lu ici sur le manque de surprise du récit. Souvent pendant la lecture j'ai trouvé les réflexes ou les choix de cette mère incohérents ou idiots mais en même temps cela est contrebalancé, je trouve, par la brillante description de la surprise et du choc vécus à chaque étape. Quand on tombe à ce point des nues agit-on forcément avec discernement et clairvoyance ?
De même on est sidéré de constater que la machine juridique favorise davantage celui qui en maîtrise les rouages. L'auteur retranscrit très bien l'absurdité et l'immoralité de cet enchainement (presque littéral) qui renverse les rôles de l'accusateur et de l'accusé.
Je trouve la conclusion presque idéale dans le rôle final de cette correspondance entre cette femme et la mère de son époux, ce "fils parfait". Alors que jusque là ce n'était qu'un artifice littéraire pour nous conter les faits du point de vue de notre héroïne baffouée. Longtemps je me suis attendu à un tout autre retournement de situation, disons plus cinématographique. Certes cela aurait fait son petit effet mais cela aurait surtout été tellement convenu. Ici c'est sobre et bien plus simple.
En somme, ce roman, non exempt de défauts, est aussi travaillé dans la forme que dans le fond. Ce n'est pas tant le sujet ou la description des crimes commis qui sont originaux, malheureusement, que la façon dont l'auteur les traite.
Et le meilleur est probablement à venir puisque ce n'est là qu'un deuxième ouvrage publié.
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Créée
le 3 déc. 2017
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