Un hiver de sang est le premier tome de la trilogie Un monde sans Dieux, de la fantasy bien sombre écrite par Brian Ruckley.


Note : il s'agit d'une ancienne critique retravaillée.


Nous sommes dans un de ces univers médiévaux sombres que nous aimons tant, à suivre les histoires de nations divisées, dans le sang, la corruption, la manipulation éhontée, les secrets et serments sur plusieurs générations. Tout commence quand notre jeune héros et sa sœur constatent que leur forteresse familiale est attaquée de l'intérieur comme de l'extérieure par une alliance entre les elfes (généralement opprimés) et les étrangers de la Route Noire. L'hiver est sur nous, et cette mauvaise surprise sanglante qui leur est tombé dessus à l'improviste n'est que le premier pas d'une guerre qui n'est pas prêt de se terminer !


En vrac, j'ai aimé le contexte, j'ai apprécié les lignées de nobles du Vrai Sang, divisées, querelleuses, vaillantes ou vaniteuses, mais par dessus tout j'ai adoré la Route Noire. Clans guerriers exilés voilà bien longtemps dans le nord sauvage, ils ont survécu, ont vaincus les peuplades primitives qui s'y trouvaient, se sont endurcis et ils reviennent maintenant propager leur idéal dans une guerre non pas au nom d'un Dieu, mais de inéluctabilité de la marche du Destin. Les hommes ne sont que des fétus de paille : rien ne sert de s'élever par orgueil, de lutter contre son avenir, ce qui doit se produire se produira, aux humains de l'accepter. Cette philosophie, fataliste en soi, n'en fait pourtant pas des indécis qui se laissent porter par le courant, bien au contraire. C'est là l'un des paradoxes subtils que nous explique ce livre, avec une culture exotique (qu'on nous dévoilera bien plus dans le deuxième tome).


Un petit défaut selon moi à toute cette complexité : malgré la recherche de nouveaux noms, cet univers reste néanmoins peuplé des habituelles créatures Elfes/Elfes noirs, loups garous, humains... et quelques esprits à la limite des déités. Trop classique : l'ancien fanatique de Tolkien que je suis n'a pas eu beaucoup de nouveautés de ce coté là, malheureusement.


L'histoire se déroule en parallèle selon plusieurs points de vue (au minimum un par grande faction de cette épopée) ce qui enlève une grosse part du manichéisme que l'on pourrait redouter : toutes les factions ont des objectifs qui sont soit nobles, soit idéologiques, soit humains (comprendre égoïstes).


Dans ce roman vous trouverez du mystère, des personnages qui évoluent pas mal au fil du récit, et vous révèlent des secrets pas trop prévisibles ce qui est plutôt cool. Malgré tout le livre souffle de quelques véritables défauts qui gâchent une très bonne opinion générale. Pour faire simple disons qu'il y a trois ou quatre personnages qui me tapent totalement sur le système car ce sont des bisounours. Attention, ils ont de la personnalité, ils pensent, doutent, et endurent cette aventure MAIS ils sont juste mielleux de pureté, de naïveté sans cesse brisée, de conviction positive, ou totalement inutile au récit (un ou plusieurs de ces points selon les cas). Un ou deux sont des victimes (physiques ou morales) dont je n'avais qu'une attente en découvrant l'histoire : qu'ils rendent enfin les coup. En vain...


Concernant le "méchant" de l'histoire, il s'agit un Elfe du nom d'Aeglyss. C'est un orphelin qui a passé toute sa vie méprisé ou haït par les autres. De faible constitution, c'est malgré tout un genre de magicien capable d'agir sur l'esprit des autres ; vaincu, humilié, torturé, il prend toute son ampleur quand il redresse la tête et crache sa haine en retour et décide de mener sa guerre, seul contre le monde entier. Par pure force de la volonté il va décupler sa puissance et devenir une menace, une force indépendante et dangereuse au sein de sa propre faction.
Rien que pour cette facette du personnage, je remonte mon appréciation générale du bouquin en écrivant cette critique : rien ne vaut un personnage déterminé à la folie, prêt à brûler la moitié du monde pour se venger de l'autre moitié qui n'a eu de cesse de l'humilier ! - non non, je suis moi même plutôt stable et sain d'esprit je vous rassure !


Quelques lenteurs, ralentissent le récit, c'est bien dommage, au point que j'ai failli décrocher au milieu du deuxième tome. L'univers est riche, peut être un peu trop, surtout pour le lecteur néophyte qui sera vite perdu dans cette histoire aux intrigues multi-générationnelles. Ces lenteurs à mon sens auraient pu être sautées pour nous faire plutôt profiter de certaines autres scènes. Sérieusement certaines ellipses qui m'ont poussé à la limite de l'apoplexie ! Notamment certaines batailles d'envergures : de bons effets de styles employés pour nous expliquer le résultat, mais j'aurais préféré en avoir le récit intégral et épique plutôt qu'une petite ellipse.


Du sang, des femme et d'la bière non de dieu ! Le mâle plein de testostérones qui est (bien caché) en moi s'attendait paradoxalement à plus de crudité dans le récit (du sang, hein ! Pas de la salade !) au vu du synopsis et de la couverture. Dans l'état c'est un livre d'introduction correct, peu être un peu trop classique et souffrant de ses "bons" personnages. Heureusement les "méchants" et leurs personnalités torturés et leur philosophie de vie étranges sont là pour relever le niveau.


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Cluric
7
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le 2 janv. 2015

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Cluric

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