Comme quoi il ne faut pas cracher sur les clubs type France-Loisirs. A l'époque, ma grand-mère m'avait offert ce livre parce qu'il parlait de loups, et que j'adorais les loups. La pauvre n'avait pas vraiment été plus loin dans l'analyse, et j'étais probablement bien trop jeune pour en apprécier tous les détails (le livre est paru en 1995, j'avais donc 9 ans). C'est lui qu'on me voit lire dans la photo de mon avatar. Comme beaucoup de mes romans, tout particulièrement ceux offerts à cette période de ma vie, je l'ai relu de nombreuses fois, jusqu'à le connaître quasiment par cœur. Les aventures des « épateurs Tricotin » n'ont plus de secret pour moi et je me replonge toujours avec plaisir dans leurs aventures.

Le roman s'ouvre sur une scène d'accouchement. Le futur père, partant à la recherche d'une sage-femme, se fait provoquer en duel, et lorsqu'il ramène la femme de l'art chez lui découvre qu'il a engendré non pas un enfant mais des quintuplés, une petite Clotilde et et quatre beaux garçons : Charlemagne, Clodomir, Pépin et Dagobert. Le père lui-même se prénommant Clovis, on sent dans la famille comme un respect de la royauté !

Mais le père meurt de la rage (une mort atroce, d'ailleurs) et les enfants sont séparés pour partir chacun dans une famille d'accueil, où ils seront plus ou moins heureux. Le livre suit tout particulièrement Charlemagne, filleul de l'épouse du seigneur local, qui sera pris en pension au château et s'occupera avec beaucoup de bonheur des chiens de chasse, jusqu'à ce qu'il s'échappe et parte vivre... dans la forêt, avec des loups.

En dehors de l'aspect fascinant de la description de ce retour à la vie animale, ce roman presque naturaliste est d'une précision extrême, très documenté, et permet une immersion totale dans ce XVIIIème siècle que Michel Folco a choisi comme toile de fond. On y découvre, minutieusement décrites, les mœurs d'un certain nombre de professions et d'états de l'époque, des sabotiers jusqu'au maîtres du Point d'Honneur et du duel, et on y lit avec délices une langue d'époque où les termes inusités sont légion. Je pense que c'est, en plus de la trame passionnante, cette langue qui me fait toujours revenir avec plaisir à Un loup est un loup. On sent sous la plume de l'auteur un véritable plaisir à faire revivre ces termes d'un autre temps, dans une époque où le vocabulaire se raréfie et se simplifie. Ici, le héros est encachoté, ses bottes sont crottées, il pétune. C'est à mon sens bien plus beau qu'emprisonné, sale, fumer...

Pour résumer, Un loup est un loup est un bon roman qui se lit avec énormément de plaisir, qui plonge le lecteur dans la crasse du XVIIIème siècle plutôt que dans les salons parfumés et dont les suites et préquelles me paraissent tout à fait dispensables (sauf éventuellement En avant comme avant, et encore).
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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