Une fois encore, merci aux éditions J-C Lattès et au challenge NetGalley, France de m'avoir donné de plonger en philosophie avec ce titre "Un peu de recul, chère Isabel". Ne m'en voulez pas de sembler vouloir déjà digresser mais, terminant ce livre, je ne peux m'empêcher de chercher à me rappeler les caractéristiques habituellement reconnues à un roman. Le roman, genre littéraire, est, je pense, essentiellement une histoire, une narration empreinte de fictions, "Un peu de recul, Isabel !" de Alexander McCALL SMITH est certainement à ranger dans ce tiroir. Comme Isabel, l'héroïne, je souris à l'idée d'utiliser une expression telle "ranger dans le tiroir" qui est à double sens. La catégorisation littéraire est aussi juste que l'envie de faire disparaître de ma vue et d'oublier cet opus. Mais, revenons à l'histoire. On est bien dans un roman. Les personnages nous renvoient à l'extraordinaire de leurs vies, somme toute banales. Isabel est philosophe-mécène-bénévole en épicerie-enquêtrice de moralité - et, cerises sur le gâteau, une épouse aimante et comblée par son Jamie et doublée d'un statut de mère de deux enfants, Charlie et Marcus. Si ce personnage n'est pas romanesque, où est-on ?
Le problème pour elle, c'est que les cerises sur le gâteau, c'est bien joli, mais la vie au quotidien, ce n’est pas de la tarte ! Elle doit faire face à son Charlie, l'aîné, qui n'accepte pas l'arrivée d'un petit frère, Marcus. Dans un souci de se sentir une seule et même famille unie, l'auteur nous propose, entre autres images, la scène de la douche à quatre. Truculente surtout quand Charlie propose d'envoyer bébé Marcus dans le syphon ! Là, toute la puissance de la philosophie de la mère aura besoin d'émerger. Sortir de l'eau, de la douche, et puis quoi ? Qu'est-ce qu'on répond à un enfant pareil ? On prend un peu de recul ... et on patiente. C'est ça, être philosophe, non ?
Mais l'essentiel de la trame romanesque se construit autour de la capacité d'Isabel à se laisser solliciter pour prendre sur elle le fardeau des autres, les écouter, démêler le vrai du faux et foncer tout droit dans les investigations nécessaires jusqu’à douter que tout se résume à ce qui paraît. Que puisse enfin naître la vérité !
Un livre de plus dans la série "Le club des philosophes amateurs" publié chez J-C Lattès. On rit parfois, on sourit souvent, on s'énerve quelques fois, n'en pouvant plus de suivre les digressions continuelles de l'héroïne. Finalement, on ne croit pas trop à l'histoire, trop romanesque que pour être vraisemblable, trop de ficelles utilisées pour tenir le tout mais on se dit que le roman n'est que prétexte, que le véritable message philosophique donné, c'est cette invitation à vivre pleinement la vie, ses émotions, ses pensées, fussent-elles lourdement digressives, mais de le faire, toujours, avec le recul qui laisse au temps le temps de faire éclore la vérité.