L’utopie – pas l’uchronie ni la dystopie – est un genre peu à la mode. Ça peut se comprendre: ne dit-on pas que les gens heureux n’ont pas d’histoire? En tant qu’historien, j’aurais tendance à ricaner et, en tant qu’auteur, un peu aussi. Et ce petit recueil de nouvelles intitulé Un tremplin pour l’utopie est là pour me donner tort.
Paru chez Hélios pour le cinquantième numéro de cette collection en collaboration avec trois maisons d’édition – Actu SF, les Moutons Électriques et Mnémos – ce recueil était offert gratuitement, ce printemps, pour l’achat de deux autres titres de la collection, c’est donc un peu par hasard que je me suis plongé dedans.
Un tremplin pour l’utopie compte huit nouvelles, dont deux d’auteurs confirmés et six de débutants, chacun livrant leur vision du thème. Parfois, la tentation est grande de glisser vers les genres-frontière sus-nommés, comme pour « Le jour où Dieu m’a vu nue », mais l’un dans l’autre, le contrat est rempli.
On a droit à des histoires post-apo soft, comme pour « Les premiers jours de mai » qui reprend les codes du genre pour une ambiance bien plus apaisée, ou ahistoriques dans le cas de « Destinée d’une nation » et son Amérique française ou la nation pirate errante de « Anémocratie ».
Dans l’ensemble, j’ai trouvé ces nouvelles convaincantes et très sympa. À vrai dire, j’ai trouvé les jeunes auteurs plus convaincants que les « anciens », notamment la nouvelle « Nulle part, tout le temps » de Christian Chavassieux qui est un peu trop conceptuelle à mon goût.
Avec 136 pages, Un tremplin pour l’utopie est un recueil qui se lit très vite et sans déplaisir. Pour un bouquin gratuit, qui aurait pu rassembler des fonds de tiroir plus ou moins réussis, c’est une excellente surprise.