Après le carton de Avant d'aller dormir – best-seller traduit dans plus de quarante langues –, dire que la seconde livraison de S. J. Watson était très attendue relève de l'euphémisme. N'ayant pas encore lu son premier roman (il attend pourtant sagement dans ma PAL depuis de nombreux mois), je ne pourrais confirmer ou réfuter son statut, mais, ce qui est sur après avoir refermé Une autre vie, c'est qu'il va rester dans ma PAL encore quelques temps avant que je l'en extraie, tant j'ai peiné pour venir à bout de ce second opus.
L'histoire de Julia, mère de famille au crépuscule de la trentaine voyant sa vie basculer le jour où elle apprend que Kate, sa sœur cadette, a été mortellement agressée à Paris, a eue toutes les peines de monde à m’intéresser, ne serait-ce qu'un chouia. Suite à la découverte que Kate fréquentait assidument les sites de rencontres (et non d’escorts, comme indiqué à tort dans la quatrième de couverture – ce n'est pas du tout la même chose) qui pullulent sur la toile, Julia va se mettre à les fréquenter à son tour, dans l'espoir de découvrir la vérité et de retrouver l'assassin de sa sœur, se mettant par là même, elle et sa famille, en danger.
Raconter une histoire du point de vue d'une femme, lorsque l'on est un homme, n'est pas chose aisée et S. J. Watson peine un peu dans l'exercice – n'est pas Douglas Kennedy qui veut. A aucun moment de ma lecture j'ai eu la sensation d'être réellement dans la tête d'une femme, immergé dans un subconscient féminin que l'auteur américain sexagénaire, lui, sait si bien sonder. L'intrigue peine à avancer et certaines redondances sont pénibles (Julia, ancienne alcoolique, qui lutte tout le long du roman pour ne pas succomber à la tentation de boire un verre ; c'est pénible au possible et cela n'apporte aucune valeur ajoutée au récit – on se croirait en présence d'Anastasia Steele qui n'arrête pas de se mordiller la lèvre).
L'auteur a voulu écrire un roman ancré dans l'air du temps en mettant au cœur de son récit les relations virtuelles que tout un chacun peut vivre aisément et anonymement depuis l'avènement d'internet, et de manière encore plus exacerbée depuis l’apparition des smartphones, relevant au passage les côtés pernicieux et dangereux – les jeunes acceptant n'importe qui en "ami" sur leurs profils facebook, par exemple, et affichant ainsi leur vie privée dans ses moindres détails à de parfaits inconnus – du phénomène. Mais, à mon sens, il s'est fourvoyé.
Si le dénouement, bien qu'un brin capilotracté, tire son épingle du jeu et nous offre son lot de surprises, l'ensemble est trop poussif pour susciter un réel intérêt ; un thriller est censé tenir le lecteur en haleine, c'est loin d'être le cas ici.