Par Julie Coutu

Il faut prendre Une saison de nuits pour ce qu’il est : le premier roman d’une jeune Joan Didion. Le texte, traduit pour la première fois en français, a été publié en 1963 : elle n’avait pas 30 ans. Il témoigne d’une nostalgie envahissante, d’un lancinant mal du pays. Récit délicatement désuet, cliché à souhait, parfois maladroit, comme une ode à une Californie rêvée, il rappelerait presque Autant en emporte le vent, la verve épique en moins : couple, trahisons, meurtre, suicide, tentation, toilettes et soirées mondaines sur la plantation familiale où, géographie oblige, on cultive du houblon.

Une saison de nuits est un roman de femmes : mères, filles, sœurs, elles sont meneuses ou victimes, figées dans des rôles dont elles ne s’extraient qu’au prix fort. Le drame n’est jamais loin. Deux coups de feu encadrent le récit, comédie de mœurs dramatique, le mariage raté entre l’évanescente Lily et le brave Everett cristallisant son lot d’incompréhensions et de malheurs. Le ton, doucement passéiste en même temps que curieusement intemporel, inscrit le texte au basculement de deux mondes, un moment privilégié, bref, fragile, que Didion a toujours su saisir à merveille. Les descendants de pionniers rencontrent les nouveaux riches, la terre des planteurs est revendue au plus offrant, transformée en autoroute ou en lotissement, « le romantisme d’un ancien domaine espagnole, aucun supplément pour le tout à l’égout, des chauffe-eaux à renouvellement rapide et des trottoirs déjà posés ». (...)

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/livres/une-saison-de-nuits-joan-didion/
Chro
6
Écrit par

Créée

le 5 mai 2014

Critique lue 362 fois

2 j'aime

Chro

Écrit par

Critique lue 362 fois

2

D'autres avis sur Une saison de nuits

Du même critique

Les Sims 4
Chro
4

Triste régression

Par Yann François « Sacrifice » (« sacrilège » diraient certains) pourrait qualifier la première impression devant ces Sims 4. Après un troisième épisode gouverné par le fantasme du monde ouvert et...

Par

le 10 sept. 2014

43 j'aime

8

Il est de retour
Chro
5

Hitler découvre la modernité.

Par Ludovic Barbiéri A l’unanimité, le jury du grand prix de la meilleure couverture, composé de designers chevronnés, d’une poignée de lecteurs imaginaires et de l’auteur de ces lignes, décerne sa...

Par

le 10 juin 2014

42 j'aime

Ultraviolence
Chro
3

Comme une parodie d’une BO de Lynch, interprétée par une godiche lobotomisée.

Par Tom Gagnaire Chez Lana Del Rey, tout semble tellement fake qu'on peine à croire à la sincérité de la demoiselle dans cette tentative risible de vouloir faire un disque plus abrasif, rauque et...

Par

le 26 juin 2014

31 j'aime

29