Un livre complexe, que je n'ai jamais terminé (on ne perd pas espoir) mais qui m'a intrigué pour son mysticisme et ses ambitions assez claires d'être une sorte d'évangile du Fantastique. Le quatrième de couverture titre un rapprochement avec Borges, ce qui paraît effectivement naturel quand on se perd dans la machine à laver des intrigues croisées par Hal Duncan. C'est très proche d'un Borges, appliqué à de la science-fiction/fantastique/surnaturel, en plus délirant, mais toujours aussi intriqué et kaléidoscopique.
Je retiens surtout ce livre pour son écriture originale et très maitrisée dans ce qu'il souhaite faire. Il y a une concision et une densité (en lien avec le principe du roman, un "Livre de toutes les heures" où seraient écrites toutes les destinées des êtres des univers, dans une langue extrêmement concise). Hal Duncan réussit à mettre en forme un récit qui omet absolument tout, toutes scènes de narration habituelle, exposition, introductions, transitions. C'est un succession de flash minuscules et une écriture en fragments très maitrisée, surtout dans les 50 premières pages qui composent le prologue. Je me suis surpris plusieurs fois à relire ce dernier, qui a quelque chose de très Lovecraftien, et me reste comme un modèle d'exposition intelligente (c'est-à-dire quasi muette)
Le problème étant qu'on change de personnage une fois le prologue terminé. L'intrigue fonctionne sur un principe d'égalité et de rapprochements et de personnages qui ne sont pas les mêmes (mais en fait si). Le désavantage flagrant étant le détachement relatif qui suit par rapport aux personnages, mais aussi de l'intrigue en général, qui peine à nous tirer quelque part. C'est souvent le problème de ces Histoires "Panorama" qui préfèrent montrer une sorte de photographie mouvante dans tous ses détails, mais qui ne parviennent donc pas à laisser en valeur un seul évènement. Velum faisant 800 pages, c'est un marathon que je n'ai personnellement jamais terminé.
En vrac.
Personnages : Un bon point pour l'intelligence et le naturel avec lequel il introduit ses personnages homosexuels.