En tant que thésarde qui bûche sur les pratiques du cinéma en temps de crise, je travaille sans cesse sur le rôle d'échappatoire, de divertissement, de catharsis, mais aussi d'analyse d'une société et d'une époque que peuvent avoir les films de cinéma. Et, dans ce cadre, il n'est pas rare d'entendre des phrases telles que "ah ça, c'est un film de crise, on voit bien la représentation du mal-être, de l'anxiété qui règnent dans nos sociétés, blablabla" ou encore"ah ça, c'est vraiment un film qui fait du bien!"
Et bien voilà un livre "de crise" et surtout... un livre qui fait du bien!
L'histoire est plutôt simple et sans grand suspens : le personnage principal a 30 ans, une vie instable, travaille dans une usine d'élevage de poules pondeuses, loue une chambre miteuse dans une maison qui l'est tout autant, tenue de main de fer par une quinquagénaire peroxydée nostalgique de sa beauté d'antan et qui surtout voue une haine et un dédain sans nom à son beau-frère handicapé mental dont elle et son mari ont la charge.
Non seulement la thématique transversale de l'histoire, qui dépeint l'aspect misérable que peut revêtir le quotidien et qui redonne la part belle aux "petits bonheurs de la vie", est traitée avec tendresse, douceur et une grande justesse, sans jamais tomber dans les clichés complaisants face au handicap ou aux classes sociales défavorisées. Mais surtout, et c'est la grande force de ce livre, l'écriture est absolument savoureuse : simple, intelligente, cynique, parfois un peu acide, terriblement drôle...
Un livre sans prétention mais qui vous colle un sourire qui vraiment... fait du bien!