La montagne tueuse a encore frappé. En janvier 2018, Elisabeth Revol et son compagnon de cordée, Tomasz Mackiewicz, affrontent de nouveau le Nanga Parbat, un sommet de plus de 8 000 mètres situé au Pakistan, réputé pour sa dangerosité. Nos deux esthètes de l’alpinisme tentent une hivernale en style alpin sur ce monstre sacré, c’est à dire qu’en plus des conditions hivernales extrêmes ils n’ont ni oxygène ni porteurs.
La fin tragique, nous la connaissons tous puisque l’histoire a fait la une des médias à l’époque assortie de son lot de polémiques. Mais l'enchaînement des événements, nous le connaissons moins, surtout qu’avant la chute (façon de parler) il y a l’ascension et l’atteinte d’un objectif qui leur a demandé tant de sacrifices. Dans Vivre, Elisabeth Revol raconte sa fameuse ascension de janvier 2018 et le déroulé précis de ces 3 jours d’euphorie, de drame, de panique, de souffrance et de solidarité. Car s’il s’agit du récit d’une tragédie humaine c’est également le récit d’un incroyable sauvetage.
Eli (son surnom) nous fait vivre de l’intérieur ces 3 jours qui ont tout changé, du 25 au 28 janvier 2018, ces longues nuits dans des conditions extrêmes, ces successions de petites erreurs ou de décisions à prendre mais aussi la chance qui parfois sourit (alpinistes aguerris qui tentaient une hivernale au K2 et surtout toutes ces cordes fixes d’une expédition commerciale précédente).
Vivre est aussi l’occasion de rendre un vibrant hommage à son compagnon de cordée, lui qui avait une dimension toute spirituelle dans sa quête des sommets.
En revanche, il y a une part de frustration à ne pas en savoir plus sur le déroulement des opérations côté secours.
Elisabeth partage elle même sa rage et son incompréhension au cours du récit et on souhaiterait en savoir plus sur ce qui s’est vraiment passé du côté de la logistique. Tomek avait-il vraiment une chance d’être secouru à une telle altitude ? Était-il condamné ?
Mais il est peut être trop dur de mettre des mots sur de tels choix et c’est normal de se concentrer sur les évènements vécus par l’alpiniste française, sur sa force mentale et sa détermination, sur cette corde fixe suivie pour échapper aux flancs de la montagne, cette ligne de vie pour revenir au commencement où fut le verbe : VIVRE.