Je vais directement commencer par lister les quelques défauts de l'ouvrage, avant d'expliquer en quoi il demeure essentiel pour comprendre la fachosphère française contemporaine.

J'ai trouvé Haziza trop passionné par cette affaire. Il a été victime d'une campagne raciste assez monstrueuse, et cela se ressent donc au fil des pages, de par de nombreuses répétitions de mots, un peu inutiles, et qui peuvent s'avérer contre-productives auprès de certaines personnes. Je l'ai trouvé aussi un peu injuste envers Naulleau (concernant le livre Dialogues désaccordés co-écrit avec Soral, http://www.senscritique.com/livre/Dialogues_desaccordes/critique/27707722 ), même si je partage en partie son avis sur la complaisance du bonhomme au cours de ces dialogues, celui-ci se contentant de réponses brèves aux inepties du chauve gourou. Enfin, il reprend à son compte l'expression de salut nazi inversé pour qualifier la quenelle, ce qui est une erreur. Le geste a dans la logique de Dieudonné une certaine dimension antisémite (parmi d'autres), c'est clair et net. Et il est effectué par plusieurs personnes (Soral en premier) devant des lieux représentant la communauté juive. Mais l'expression de salut nazi inversé est plus métaphorique qu'autre chose, et elle a jeté un profond discrédit aux détracteurs du bonhomme, c'est pourquoi je ne la reprends pas à titre personnel. C'est certes un détail, mais il faut être précis avec l'extrême-droite, pour éviter de se prendre un retour de bâton médiatique contre-productif.

Bon, maintenant que tout cela est dit, je vais passer aux louanges, et surtout expliquer en quoi ce livre me paraît essentiel.

Déjà, il faut noter que si je trouve Haziza un peu trop passionné et omnibulé par ces questions quand je l'écoute à l'oral, je reconnais que son travail d'écriture est, lui, bien plus rigoureux (malgré ces quelques répétitions inutiles donc). L'analyse de la fachosphère française version 2013 est non seulement complète, mais qui plus est, détaillée. A la sortie de ce livre (qui se lit rapidement), on est capable de décrire en quoi tout ce "beau" monde est lié, quelles sont les idées de chacun, leurs divergences et leurs points communs.

Je pense que ce livre devrait être lu par ceux qui défendent Dieudonné au nom de la liberté d'expression, et en pensant sincèrement qu'il n'est pas antisémite, mais seulement contre les communautarismes. Car d'une part, on retrouve la plupart des citations polémiques et sans équivoque de l'homme depuis le début des années 2000. Et d'autre part, on connaît mieux et précisément la plupart des gens avec qui il s'engage politiquement. Et je vous assure que ce ne sont pas enfants de cœur, bien au contraire.

Au-delà de Dieudonné et de Soral (dont je passe le commentaire, ça serait redondant), il est surtout intéressant de voir comment des mouvements a priori "républicains" (en apparence), se font infiltrer par des groupuscules d'extrême-droite. Ainsi en est-il de la Manif pour Tous. Le but ici n'est pas de discréditer les opposants au mariage pour tous (je suis en désaccord profond avec eux, mais je sais faire la distinction entre les critiques modérées et virulentes), mais de pointer une certaine complaisance vis-à-vis du fascisme qui s'est introduit dans leurs rangs. Il en va de même pour le FN (que je ne considère pas comme républicain, mais apparemment cet avis n'est pas partagé de tous), qui entretient des liens avec des personnes se revendiquant néo-nazis. Rien de neuf sous le soleil, mais l'image de respectabilité que Marine Le Pen cherche à se donner en prend un coup. Un bon gros coup même.

Qu'on ne se méprenne pas. Mon but n'est pas de discréditer complètement ces groupes politiques, mais de pointer leur complaisance absurde envers des personnes ouvertement haineuses. Qui ne dit mot consent apparemment. Je ne sais pas si cet adage est vrai ou pas, mais cette complaisance n'est pas que passive, puisque les liens sont avérés.

Pour finir, je tiens à saluer ce travail de description exhaustive (enfin, je trouve) des pontes de l'extrême-droite actuelle en France. Malgré le côté "facile" de dénonciation des extrêmes, et quelques très rares amalgames, c'est du bon boulot. Il faut aussi relever le courage d'Haziza, qui risque de s'en prendre encore longtemps plein la gueule pour avoir pointé tout cela.
joseaxe9
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le 17 févr. 2014

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Jojo's Jar

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