Vongozero, c'est un petit point, tout petit, même pas un village, juste le nom d'un lac et sa région tout là-bas en Russie, tout prés de la frontière Finlandaise, à 1000 kilomètres de Moscou.
C'est le point zéro pour onze personnes, hommes femmes et enfants qui s'échappent in extremis de la région moscovite, atteinte par une grippe mortelle qui semble s'étendre dans l'Europe entière.
A bord de leurs 4/4, chargés ras la gueule, Yana Vagner nous raconte leur périple.
Et c'est là que je dois dire que je me suis fait piégée trois soirs de suite dans l'esprit d'une des femmes du groupe.
Couchée bien au chaud sous ma couette, dans la chambre que j'ai amoureusement décorée, j'ai parcouru, les mains crispées sur le volant d'un lourd 4/4, les routes, chemins forestiers, sentiers enneigés de la Russie au bord du basculement.
J'ai eu honte de mon égoïsme, de mon désir irrépressible de nier la situation, de mes pensées venimeuses envers mes compagnons de voyages, de mon inertie et mon renoncement face aux hommes du groupe, qui se démènent pour sauver leur famille avec l'énergie du désespoir.
J'ai aimé l'originalité du point de vue, face à l'apocalypse, d' une mère de famille, une femme ordinaire, pas très sympathique, complètement dépassée devant la situation et ...qui pourrait très bien être moi.
J'ai eu envie de secouer cette bonne femme, de lui mettre une bonne paire de claques pour lui dire que non, sa belle maison elle ne la reverrait pas et cela m'a un peu rassurée, je ne suis pas elle: je saurai tenir un fusil, trouver à manger, rassurer les enfants, soutenir sans faille mon homme, regarder sans pleurer les morts sur la route et prendre une pelle pour aider à dégager ma voiture d'une congère.
Non mais !