Il semblerait donc qu'ils se soient bel et bien mis à deux pour commettre ce petit volume à l'élégante couverture (signée Patrick Imbert, c'est fou). Le sujet en étant la schizophrénie, j'avoue avoir eu comme un doute. Mais bon, je suis un peu paranoïaque, aussi... Donc, admettons qu'il n'y ait pas de complot contre moi (enfin, pas cette fois, tout semble l'indiquer), et voyons ce que l'on peut dire de ce W.O.M.B. Wilderness of mirrors /broken/. En sachant que ça ne s'annonce pas facile : la preuve, même les (longues) dédicaces, je ne suis pas sûr d'y avoir tout compris (mais ça m'avait l'air taquin).
Commençons donc avec Thomas Becker, pseudonyme de chut, chut, pas de marque, et son « Channel Chain Schizoid » qui occupe la majeure partie de cet opuscule hybride (pp. 17-68). Le monologue d'un homme sans souvenirs, enfermé dans une étrange pièce, avec pour seul interlocuteur une Intelligence Artificielle du nom d'Avatar. Un texte imprégné de paranoïa, et qui cite pas mal Dick. Malgré quelques écarts stylistiques, le fait est que ça se lit plutôt bien... mais n'apporte pas grand chose, tout cela ayant déjà été lu cent fois. Sympathique, mais sans grand intérêt, donc.
Le cas de Sébastien Wojewodka (qui se met lui-même en scène, horreur glauque) est plus complexe. Son « Untitled ou l'intercession » (pp. 69-92), auquel il faut rajouter la fausse préface intitulée « Mon rêve du rêve de Thomas Becker : quelques détails biographiques sur le très honorable auteur de Channel Chain Schizoid » (pp. 9-15) joue en effet la carte de la métaperplexitude intraperplexoïdée, reprenant (et/ou parodiant) le style universitaire le plus jargonneux et abscons que l'on puisse concevoir. Entre deux citations de Kafka, l'auteur use et métabuse des mots interminables et des concepts obscurs ; l'occasion de vérifier une fois de plus que les psychanalystes raffolent des jeux de mots laids. Mais comment prendre cette étude de cas en escalier ? J'hésite : au premier degré, c'est tout simplement infect de galimatias pédant ; au second, qui a ma préférence (sinon, c'est qu'il ne va vraiment pas bien, ce jeune homme...), cela ressemble davantage à une astucieuse mauvaise blague, salutaire comme le sont toutes les bonnes mauvaises blagues ; la vérité devant se trouver quelque part entre les deux, comme de juste. De quoi se vriller le crane pendant des heures, en tout cas, et dans un sens comme dans l'autre. Bizarre...
Au final, bof, en somme, et même bof, bof. Ce n'est pas inintéressant, non, mais cela ne fait pas terriblement avancer le schmilblick non plus. A voir si ce premier essai sera utilement transformé par la suite, rien n'est exclu.