À La Poursuite des Slans est le premier roman (et succès) de celui que l'on pose comme l'un des grands maîtres de la Science-fiction américaine des années 40 et 50 : E.A Van Vogt. Fruit d'une série de nouvelles ensuite réunies en un bloc, le tout offre au lecteur curieux de découvrir l'inspiration majeure de K.Dick, 216 pages de science-fiction sentant bon la naphtaline.
Le roman narre les déboires de deux membres d'une espèce mutante vivant sous le joug d'une société humaine haineuse : les Slans. Jommy Cross et Kathleen sont donc les rares représentants d'une société au pouvoir télépathique incroyables, et reconnaissables de par leurs cornes apparentes sur le front.
À eux deux, ils offrent un regard sur une Terre gouvernée par un peuple aux espoirs et aspirations avortées, causées par la frayeur et la haine que leur inspirent les Slans, plus forts et intelligents qu'eux. Pourtant, dans la mémoire de Jommy réside les souvenirs de l'emplacement d'une cache d'armes Slan qui pourrait changer la donne au conflit...
Sur le papier et ce, durant les 100 premières pages, Van Vogt réunit avec efficacité tout les ingrédients pour nous embarquer dans son univers, ainsi que dans ses propos sur l'eugénisme (une crainte propre au contexte de l'année de sortie du roman, 1940). Mais rapidement, la cohérence du récit s'étiole.
En cause, cette narration épisodique dû au format d'origine du récit, qui coupe souvent le récit par des twist finaux souvent sortis de nulle part. Les ellipses sont aussi légions, faisant que rapidement nous nous retrouvons détachés de l'épopée de Jommy et des enjeux de sa mission. Le style de Vogt, encore balbutiant, trahit souvent des choix scénaristiques étranges (à la manière de la mort d'un certain personnage, tout bonnement ahurissante de spontanéité), mais aussi, il faut bien l'avouer, une écriture qui a mal vieilli.
La conclusion improbable du récit achève de garder toute once de sérieux, m'ayant rapidement donné la sensation d'avoir perdu mon temps devant cette lecture. Le temps a passé, et à mon humble avis, À La Poursuite des Slans a perdu de sa superbe, et n'est pas représentative d'un Vogt en pleine possession de son style.