Antoine Bello est un grand auteur. Le petit frère français du génie incontesté Philip K. Dick. Certains de ses romans possèdent donc une touche de génie (cf Emilie Brunet). Pour autant, Ada n'est pas son meilleur roman. Il recèle des faiblesses indignes d'un écrivain de métier: répétitions en pagaille, recours intempestif et parfois incongru au registre argotique, indigence embarrassante de certaines descriptions.
Dans cette spirale architecturée autour d'un figure de non-style soigneusement travaillée, le jeu tend malheureusement à prendre le pas sur le je. Antoine Bello poursuit sa réflexion sur la réalité de la réalité bien plus qu'il ne livre une thèse sur la dérive de la technologie. Les écrivains de science fiction ont déjà abordé ces thèmes dès les années 50. Mais puisque Ada (le texte du livre) n'est lui aussi qu'une production industrielle, il est logique de se perdre dans des lieux communs sans fin.
Mais si le texte nous laisse sur notre faim, le jeu lui est flamboyant et ambitieux. J'attends avec impatience que Bello rencontre Dick pour une symphonie déroutante et que ADA puisse s'immerger dans UBIK.
A ce pas, elle chute, galère, menacée, paniquée follement, facilement.