Un sentiment un peu mitigé sur ce livre. Pas vraiment de la déception, mais un peu une sorte de frustration. Parce que d’un côté, j’ai beaucoup aimé l’univers créé par Johanna Marines, dont j’ai bien aimé le style. Même si l’intrigue se déroule dans une ville occidentale, il y a un certain dépaysement dans la façon dont elle est présentée et mise en scène, devenant pratiquement un personnage à part entière. Si la structure hiérarchique de la société en classe n’est pas novatrice en soit, je trouve que l’idée de baser la discrimination sur un truc aussi fondamental que l’air la rend assez pertinente. Non seulement, parce que dans le contexte actuel, on ne peut qu’y voir un ton prophétique dans les révélations qui seront faites au cours de l’intrigue ; mais parce que ça met en lumière un aspect de notre société actuelle où de telle discrimination existent déjà. Alors certes, l’air n’est pas encore commercialisé (quoique), mais l’accès à l’eau potable, une nourriture saine et d’autres besoins vitaux le sont. Que bien sûr, une telle injustice entraîne un combat pour la liberté et qu’on ne peut que se laisser prendre au jeu. Sauf que…
Sauf que d’un côté, je n’ai pas vraiment accroché à l’héroïne. Si elle se caractérise par son obstination et sa curiosité, Maïa s’avère trop versatile et lunatique à mon goût. Certaines décisions prises ou choix faits sont beaucoup trop irréfléchi, voire parfois contradictoires avec ce qui a été mis en place quelques pages plus tôt. Ce n’est pas vraiment qu’on ne soit pas d’accord avec Maïa, mais plutôt qu’elle a parfois tendance à prendre et suivre délibérément l’option la moins logique, pertinente, optimale possible. Alors, le bon point, c’est que parfois ses erreurs lui sont renvoyées en pleine face, mais parfois on a l’impression qu’elle n’apprend pas. Du coup, Maïa n’est pas ce qu’on peut qualifier de personnage détestable, parce qu’elle a bon fond et de fortes convictions avec lesquelles on peut adhérer, même si parfois c’est amené un peu maladroitement ou reflète une trop grande naïveté de sa part. Le soucis, c’est que bien souvent, on a l’impression qu’elle fait exprès de se tromper ou alors agit de façon qui semble aller à l’encontre de ses idéaux présentés quelques pages avant (ou plus tard).
La fin me pose aussi pas mal de problèmes, sur plusieurs points. D’une part, à titre personnel, je suis extrêmement déçu de la tournure que prend la relation entre Maïa et Naos, car je préférais bien mieux leur amitié, je trouvais que ça apportait quelque chose de rafraîchissant dans ce genre d’histoire. Donc oui, un peu déçu que ça se transforme en romance, d’autant plus si c’est pour survenir aussi tard dans le récit (et finir sur quelque chose qui s’avère un peu glauque quand même). L’autre point, bien sûr, c’est le climax que je trouve déroutant : d’une part, on ne peut s’empêcher d’y retrouver une structure assez semblable à celle d’une autre dystopie adaptée au cinéma ; mais surtout, on ne comprend pas trop d’où sort la révélation finale. En soit, j’aime beaucoup l’idée, parce que ça renforce ce qui était dénoncé dans le reste du roman et le message derrière ; mais la façon dont s’est amené relève d’une intuition quasi-divine. Aucun élément nous ait donné pour le soupçonner et, surtout, aucun indice nous laisse comprendre comment Maïa en est arrivé là, on a l’impression que ça lui ait venu sur un coup de tête une fois sous les projecteurs… Du coup, ça tombe un peu à plat.
Bref, je suis plutôt mitigé sur ce roman, parce qu’il a de très bonnes idées, j’aime beaucoup l’univers mis en place, comment il nous ait présenté et surtout le message qu’il véhicule sur notre société et comment il trouve écho dans ce qui se passe en ce moment (et ça, pour de l’anticipation, c’est primordial, même si après, en tant qu’auteur, on est un peu désespéré de le voir se réaliser). Malheureusement, il y a quelques gros défauts qui viennent entacher la lecture et empêche de la savourer pleinement. C’est un peu dommage.