On ne présente plus Pierre Lemaître, auteur Gongour(t)isé avec 'Au-revoir là-haut’ mais, avant tout, auteur de polar de bon acabit. Alex est le deuxième ouvrage d’une trilogie consacrée au commissaire Verhoeven. Le propre d’un bon auteur de polar, visant des séries avec les mêmes personnages, est de les caricaturer avec légèreté. Viser juste, viser juste à côté ! Il faut que le lecteur ressente une possible réalité… il faut que cette dernière soit assez déjantée pour que les héros s’impriment dans la mémoire du lecteur. C’est le cas. On accepte de suivre les tribulations de l’équipe Verhoeven, d’autant que la victime est à la fois sympathique et pathétique. Alex est bourrée de problèmes qu’elle ne peut dissimiler sous ses perruques ou oublier derrière elle à chaque déménagement. Et puis, surtout, à l’heure qu’il est, elle est enfermée et sa cage est loin d’être dorée et d’appeler aux rêves, contes ou historiettes à fleurs bleues. On serait plutôt dans le cauchemar, le morbide et le besoin de comprendre au nom de quoi il est possible d’infliger de telles tortures. Qui a donc, à ce point un compte à régler …
Où donc va nous mener cette histoire ? Pierre Lemaître a une écriture qui ne fait pas d’éclat mais qui sonne parfaitement au diapason du récit. C’est un véritable artisan des changements d’axes, des basculements de point de vue, des fermetures qui s’ouvrent et des ouvertures qui se scellent. Il faut le suivre. Ce n’est pas difficile… On a presque honte à le dire, c’est même plaisant ! Et en bon prince de plume qu’il est, il nous laisse croire qu’on pourrait même plus d’une fois dénouer l’affaire avant son commissaire ! Croyez-le, si vous voulez…
Mais, surtout, lisez ! C’est encore la meilleure manière d’arriver à ses fins et de comprendre le tout !