American Darling par Queenie
Gênée par toute la passivité d'Hannah, dès le départ : Je suis là, je m'engage dans telle organisme, ou dans tel style de vie, je suis le mouvement auquel je suis attachée...
Tout semble la fatiguer, à chaque fois on a l'impression qu'elle passe à côté de sa vie, de ses propres envies. Qu'elle ne se pose pas les bonnes questions et trouve les mauvaises réponses.
Au niveau documentation et imbriquement de l'Histoire dans l'histoire, c'est superbement maîtrisé. Mais... j'ai la sensation d'être devant un documentaire avec un de ces animateurs-baroudeurs qui me montre sa vision du Liberia et des conflits : un regard extérieur, admiratif malgré une vie bien moisi et une mentalité corrompue du "Vrai peuple" libérien.
La question de l'identité et à notre place et pouvoir à agir sur l'Histoire est amené, mais ça me rappelle vraiment trop les occidentaux qui, de loin, agisse pour les autres alors que, finalement, ils agissent surtout pour eux-même. Mais... c'est vrai, aussi, que c'est souvent la seule façon que l'humain peut trouver pour agir : une sorte d'équilibre entre le monde entier et soi.
C'est juste troublant dans ce livre, parce qu'Hannah semble souvent indifférente au monde qui l'entoure. Seuls ses chimpanzés semblent lui réveiller quelques sentiments.
Elle agit pour des idées, froidement. C'est presque cynique, désabusé. Démoralisant.
Et en plus, elle aurait ses idées par rapport à un règlement de compte avec son passé.
C'est fouillé, et en même temps, c'est presque un condensé de faits divers, de clichés pris sur l'instant, avec un regard ponctuel. C'est cet aspect documentaire dont je parlais plus haut.
L'histoire est raconté. Y'a un peu d'humain dedans, mais il semble souvent désincarné. Pour moi, c'est là que ça pêche.
Mais c'est bien écrit, Banks a une écriture fluide, tranquille, et il a des phrases qui font mouche. C'est juste que cette façon d'aborder le monde et l'Histoire ne me plait pas.