J'ai hésité entre mettre 6 et mettre 8/9. Le juste milieu n'est pas possible. Le livre est bon, le talent des auteurs est indéniable. Mais l'accessibilité est et restera un critère essentiel pour basculer du côté de mes meilleurs moment de lecture.
L'approche du roman est toute singulière. Dans un futur approximatif, un groupe d'individus cherchant à éradiquer les populations Arabes mettent au point une bombe d'un genre particulier qui déploie un virus transmissible par simple contact visuel. Alors que le virus devait être sélectif, la contamination gagne toutes les populations. Quelques années plus tard, l'histoire est retracée et les coupables retrouvés et condamnés. Tous ? Pas si sûr, une ombre, un esprit, un fantôme semble échappé à tous. Elle porte plusieurs noms, elle brille par son absence. Qui est-elle ? Comment la capturer pour éviter que cela ne se reproduise ? Sommes-nous seulement sûrs de son existence ?
Anamnèse de Lady Star est comme son titre l'indique fort bien, une anamnèse et donc est focalisé sur ce personnage qui échappe à tous les sens et qui semble doué pour s'effacer (pensez à Tem des futurs mystères de Paris ou Transparence d'Ayerdhal). Et donc aussi, tout le reste est finalement anecdotique. Comprenez que si les motivations de cette anamnèse sont plutôt claires, l'univers, le contexte, les personnages, tout est plus suggéré que décrit. Tout est abordé uniquement dans le contexte et l'objectif de l'histoire de Lady Star. Nous sommes pris comme lecteurs de cet univers et non hors de l'univers. Et ce point est une vraie réussite digne des plus grands auteurs.
C'est également un premier élément qui rend le livre difficile d'accès. Il faut se concentrer et imaginer les non-dits. Mais la difficulté tient aussi dans les différents styles adoptés au cours du roman. Chaque chapitre est abordé avec un autre oeil, d'une façon différente du précédent et avec un style différent (style servant le discours, même s'il peut aller à l'ennui). Pour chaque histoires il est nécessaire de repartir pratiquement à zéro pour comprendre qui est le "tu", qui est le "je", à qui appartient ce nouveau nom. S'il est encore assez facile de suivre le cheminement la première moitié du livre, la seconde devient plus dur. A ne pas toujours comprendre on finit par passer quelques paragraphes. Le livre demande investissement et persévérance. C'est en effet souvent en fin de chapitre que le déclic s'obtient, avec, reconnaissons-le, parfois une envie de dire aux auteurs "ah, vous m'avez bien eu". Oui mais cela n'est pas suffisant pour passer les 200 dernières pages pour lesquelles le plaisir s'est évanoui. Je me force rarement à terminer un livre ainsi. J'ai fait exception pour celui-ci pensant lire le passage qui met tout en perspective à la fin. Mais je ne l'ai pas trouvé et c'est là ma déception.