Sur la planète Arbre, presque 4000 ans après la Reconstitution qui a suivi les Événements Terribles (dont on ne sait pas bien de quoi il s'agit mais dont on imagine qu'il s'agit d'une espèce d'apocalypse nucléaire), les scientifiques vivent à l'écart de la société dans des espèces de monastères appelés des concents. Ils ne sont autorisés à sortir et à communiquer avec l'extérieur qu'une fois par an, ou tous les dix, cent ou mille ans selon le groupe auquel ils appartiennent (dans les deux derniers cas la population est renouvelée par l'adoption de bébés abandonnés par les gens des villes alentours et qui entrent donc dans les concents en étant trop jeunes pour rien connaître au monde extérieur et qui donc ne brisent pas l'isolement intellectuel).
On suit Fra Erasmas, un jeune homme d'une petite vingtaine d'années qui est entré au concent il y a presque dix ans. Bientôt son concent va s'ouvrir au monde extérieur pour dix jours et cela correspondra au moment où il devra faire un choix : rembaucher pour au moins dix ans ou retourner au monde extérieur. Ceux qui rembauchent devront choisir à quel ordre ils appartiendront, et Erasmas commence à se rendre compte que ces choix sont l'enjeu de manipulations politiques qui lui semblent aller à l'encontre de l'idéal de progression des connaissances qui est censé animer tout le monde. Dans le même temps, son tuteur, Orolo, avec qui il a développé une relation intense, semble troublé et presque désabusé, et Erasmas se demande s'il ne va pas prendre la décision de quitter le concent.
Une chose est sûre, ce livre ne s'adresse qu'à un public spécifique, même si j'ai du mal à définir lequel. Tout d'abord, l'auteur utilise énormément de mots inventés alors que des équivalents existent dans le langage de tous les jours (comme ce fameux concent que j'utilise plus haut qui est l'équivalent d'un couvent même s'il n'y est pas question de religion). Ceci rend vraiment la lecture laborieuse au début, et je me suis surprise plus d'une fois à pester contre l'auteur. Au passage ceci a valu au livre son propre strip du comic xkcd : http://xkcd.com/483/
Ensuite une grande partie du livre décrit la vie de savants en train de réfléchir à des questions aussi profondes que la nature de l'univers et de la conscience, et donc beaucoup de longs passages sont consacrés à des dialogues consacrés à expliquent les différentes théories existantes et à essayer d'aller au-delà. Ces discussions sont, de manière fortuite, tout à fait en rapport avec des thèmes évoqués dans cet autre livre que j'ai lu cet été : http://www.senscritique.com/livre/Notre_existence_a_t_elle_un_sens/118873
Au final j'ai trouvé l'équilibre entre les parties scientifico-philosophiques et la progression de l'intrigue, au cours de laquelle le destin de la planète se joue, très réussi, et le livre m'a tenue en haleine du début jusqu'à la fin.
Je conçois cependant que, selon l'habitude que l'on a de lire des textes scientifiques et surtout ses goûts et ses attentes face à un roman, on puisse trouver ce livre parfaitement ennuyeux et prétentieux.