Dans une forêt au Népal, une femme déjà usée par l’existence difficile trouve deux enfants attachés à des arbres. Devant l’inévitable impossibilité de nourrir deux bouches supplémentaires quand la sienne est déjà tordue par la faim, il faut faire un choix. Quitter la forêt pour tenter de travailler à la ville. Mais ce sera encore bien pire, un nouveau dilemme s’impose, un seul des deux enfants peut rester, l’autre doit partir. Ceux que le destin a rapproché, presque soudé, les voilà de nouveaux séparés.
Nouvelle époque, nouvelle aventure, toujours en forêt bien que dans un autre pays, sur les montagnes du Kamtchatka. Il fait froid, le milieu est hostile, la saison de la chasse ouverte. C’est ce que sont venus chercher un groupe de chasseurs dont font partie Hadrien (qui déteste la chasse) et sa femme Lior (qui ne vit que dans la satisfaction de faire une à deux fois par an ces sessions de traque intense). Avec un couple d’amis, un guide et deux inconnus, ils sont bien décidés à repartir avec un gros trophé au pelage marron.
La nature a une place primordiale dans ce roman. L’état sauvage, l’Homme aux origines face à l’animal puissant. Sauf qu’aujourd’hui les armes sont redoutables, la pauvre bête n’a pratiquement aucune chance. Et si justement l’ours s’avérait « intelligent », investi d’une conscience propre pour piéger à leur propre jeux les chasseurs? L’animal égal de l’homme? Le traqueur devenu la cible. Face à cette nature, l’Homme sans sa technologie (même avec) ne vaut rien.
Face à face sauvage et puissant entre ces deux mondes, nous avons également un subtil portrait psychologique où un passé enfoui ressurgi par des passions sanglantes, des peurs irrationnelles. Lior, assoiffée de chasse, cherche ce qu’en fin de compte elle fuit le plus intimement possible. Jusqu’à la rencontre fatale qui lui fera remettre en perspective son existence entière.
Ce roman est très dense, une excellente lecture où la nature est reine, l’animal un roi, l’homme un cloporte, sauf s’il décide d’abandonner sa technologie et à apprendre de son environnement pour côtoyer et appréhender la nature pour se mouvoir auprès d’elle et non contre elle.
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