Schopenhauer : de la philosophie concrète, pleine de finesse et EFFICACE (par opposition à la branlette intellectuelle certes jolie sur le papier mais parlant beaucoup pour rien dire, vide de sens et pleine de velléité, je vise ici Derrida et Husserl)


Maria comment être heureux dans une vie qui pue autant la merde ? Le chemin du bonheur est sinueux, mais celui que trace Schopenhauer au fil de ses réflexions laisse entrevoir un état de lucidité, de recul, permettant de s'affranchir de la souffrance et de notre condition misérable d'homme. Attention, il ne s'agit pas de devenir un être insensible et froid (vous même vous savez de quoi je parle, les gens en mode pseudo-blasés de merde apathiques là), mais lucide , humble, agissant toujours dans un idéal de bonté malgré les coups du sorts, bref : de la mesure avant toute chose.
Il accorde une grande importance à la religion, à la morale, à la curiosité, à l'art et une place particulière à la musique (qu'il considère comme "l'incarnation du monde".......bebou)


Schopenhauer, pessimiste notoire et homme ombrageux, nous livre ainsi une oeuvre gaie qui se propose de guider l'homme avec délicatesse vers, non pas le bonheur absolu, mais un état de sérénité qui s'en approche. Pleines de justesse, de simplicité et d'humour, ces réflexions sont piquantes et n'ont qu'un but: l'épanouissement moral!


Parmi les aphorismes autour de l'honneur, de la gloire, de la santé, un passage que je trouve particulièrement important (et vraiment génial) c'est celui où il dénonce le besoin qu'ont certains de vouloir plaire à tout prix, en clair : la vanité, qu'il définit comme le désir de faire naître une image idéalisée de soit même dans la conscience des autres, de modeler ses discours pour chercher l'approbation d'autrui. En réalité, l'Homme n'est beau que lorsqu'il est digne, humble, qu'il ne cherche pas à impressionner, qu'il reste fidèle à ses convictions et son esprit critique sans prendre de postures forcées ni se soucier de l'opinion de ses pairs.
Ca revient un peu à enfoncer des portes ouvertes mais ces portes doivent bien être enfoncées un jour ou l'autre nan?



Cette folie que nous venons de décrire pousse trois rejetons principaux : l'ambition, la vanité et l'orgueil. L'orgueil est la conviction déjà fermement acquise de notre propre haute valeur, la vanité est le désir de faire naître cette conviction chez les autres, avec l'espoir de se l'approprier aussi. La vanité rend causeur et l'illusion rend malheureux.



Il distingue par ailleurs 2 ennemis du bonheur humain: la douleur et l'ennui. Dans la mesure où nous nous éloignons de l'un, nous nous rapprochons de l'autre et réciproquement; de façon à ce que notre existence se résume en une oscillation plus ou moins forte entre les deux. La condition humaine est triste et tragique donc, mais en l'admettant ça va déjà un peu mieux..



Il n’y a pas beaucoup à gagner dans ce monde : la misère et la douleur le remplissent, et, quant à ceux qui leur ont échappé, l’ennui est là qui les guette de tous les coins. En outre, c’est d’ordinaire la perversité qui y gouverne et la sottise qui y parle haut. Le destin est cruel, et les hommes sont pitoyables.



C'est justement la considération de la mort, de la souffrance et de la misère de la vie, qui donnent l'impulsion la plus forte à la pensée. L'idée pour échapper à l'apathie de l'existence c'est de trouver de l'intérêt en toute chose, en évitant par contre l'intellectualisme pédant à 2 balles.



Le monde dans lequel chacun vit dépend de la nature de chaque tête, il paraîtra pauvre, insipide et plat, ou riche, intéressant et important. Pendant que tel, par exemple, porte envie à tel autre pour les aventures intéressantes qui lui sont arrivées, il devrait plutôt lui envier le don de conception qui a prêté à ces événements l'importance qu'ils ont dans sa description, car le même événement qui se présente d'une façon si intéressante dans la tête d'un homme d'esprit, n'offrirait plus, conçu par un cerveau plat et banal, qu'une scène insipide de la vie de tous les jours.
Pour parler plus vulgairement, chacun est fourré dans sa conscience comme dans sa peau et ne vit immédiatement qu’en elle ; aussi y a-t-il peu de secours à lui apporter du dehors.



Petit bonus : Schopenhauer et la musique..
La ferveur indicible qui anime la musique et fait défiler devant nous un paradis si familier et pourtant éternellement lointain, si compréhensible et pourtant inexplicable, tient à ce qu’elle reproduit toutes les émotions qui agitent notre être le plus intime, mais dépouillée de toute réalité et des souffrances qui s’y rattachent.*


Bref génial. J'espère que ça vous aura donné envie de le lire car ce livre est vraiment bien. Fin de la critique.
Maria

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le 11 avr. 2020

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