A notre époque, le niveau des océans menace d'engloutir la totalité de la surface du globe d'ici moins de 20 ans. Passé ce postulat qui m'avait fait très peur quand à la crédibilité de l'histoire, j'ai quand même suivi les conseils qu'on m'a donné, et je me suis lancé dans "l'Arche".
L'histoire se divise en 2 grandes parties, radicalement différentes.
Dans la première, de riches milliardaires, et plus tard le gouvernement des Etats unis lancent un projet monumental pour garantir la survie de l'espèce humaine : lancer une gigantesque Arche dans l'espace, à la recherche d'un nouveau monde. D'abord peu pris au sérieux, le projet prend une toute autre envergure quand il devient évident que la fin du monde se rapproche à grand pas. Des millions de gens sont délocalisés, le gouvernement se radicalise, les forces armées obtiennent progressivement les pleins pouvoir pour faire régner l'ordre tandis que le projet Nemrod démarre.
Nous suivons donc l'histoire de quelques jeunes filles et fils de riches, placés auprès des meilleurs professeurs pour s'entraîner et devenir des génies de physique, d'astronomie, d’ingénieurerie aptes à survivre dans l'espace, puis sur le nouveau monde. Comme on pouvait s'y attendre, ces gosses pourris gatés développent une maturité bancale tant ils sont avancés sur certains points et à la traine sur d'autres. Les pressions sont énormes, et le risque de se faire rejeter du projet (et donc de mourir à moyenne échéance) est un stimulateur puissant : la compétition sera impitoyable.
Deux choses m'ont surpris dans cette partie : premièrement le comportement des gens, qui va de l'indifférence froide et calculatrice, en passant par le désespoir, l'envie, le détachement, et une bonne dose d'horreur.
Ensuite le fait que l'auteur a poussé le détail dans certaines facettes de l'entrainement à un point étonnant. Des cours de survie sont incroyablement horrible dans leur froideur clinique.
Je passerais rapidement sur le bon vieux "US save the world", dans cette crise mondiale, seuls les ricains méritent de s'en sortir, les autres sont à peine mentionnés.
On attaque alors la deuxième parti : le voyage spatial !
Rien ne se passe comme prévu, depuis le décollage catastrophique, les sacrifices consentis, le trajet... tout est sujet de crise. Quand autant de personnes vivent dans une boite de conserve volante, abandonnant famille, amis, biens... (la terre entière quoi !) il y a de quoi stresser. Certains virent dans la folie pure et simple à notre grand (et honteux) régal de lecteur. Comme l'équipage est constitué à moitié de fous ambitieux, accro au pouvoir, dopé à la concurrence, et que l'autre est, aux choix, surnuméraire ou violente, survivre fait des étincelles !
Des choix doivent être fait, des crimes punis, d'autres ignorés dans une si petite communauté. L'intérêt du vaisseau avant tout, quel qu'en soit le prix. Il faut dire que le voyage s'éternise, et bientôt plusieurs générations vont se côtoyer. Les plus jeunes, nés dans l'espace peinant même à croire à l'existence d'une Terre.
L'aspect scientifique est longuement abordé, avec (étonnamment) beaucoup de théories physiques réelles (et d'autres romancées) qui contribuent énormément à l'immersion. Quand pour dire bonjour au voisin il faut passer par un scaphandre et 2 heures de conditionnement, ça marque !
Des choix, bons et mauvais, des génies, des fous (furieux et philosophiquement dangereux), des braves et des égoïstes, mais tous partageant la même volonté de survivre.
Dans ce roman surprenant, la Terre sera noyée sous l'eau du ciel, et l'humanité des personnage plongera elle aussi, dans le sang, les larmes et la peur !