Si, comme moi, vous êtes fascinés par la vie et l'œuvre d'Edward S. Curtis, et pensiez en apprendre plus à l'aide de ce récit ou vous plongez dans ses multiples aventures au travers des États-Unis, passez votre chemin. Le personnage semble très peu crédible et a régulièrement des propos peu compatibles avec quelqu'un qui a consacré sa vie à photographier les Amérindiens natifs d'Amérique. Je vous conseille plutôt l'excellente bd Edward S. Curtis, ou le temps suspendu de Vivianne Perret et Mauro Marchesi à ce sujet, mais il y a aussi probablement des biographies aussi.
Dommage d'ailleurs que le livre ne contienne aucune des photos de Curtis pour illustrer son propos.

Par ailleurs, le récit paraît plutôt bien documenté sur l'horreur des pensionnats en Amérique du Nord à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dont le Canada et les États-Unis portent la responsabilité. Bonne description aussi des migrations forcées et de la misère à laquelle les peuples natifs d'Amérique ont été contraints par le gouvernement des États-Unis.
Cependant je trouve que plusieurs personnages et scènes sont assez caricaturaux (l'Indien qui ne parle pas beaucoup semble sorti de Lucky Luke alors que les descriptions d'Edward Wilson de l'époque en font plutôt des personnages locaces et joviaux malgré les difficultés de la vie, Edward Curtis est dépeint comme quelqu'un de complètement gauche qui tient du Pierre Richard, les bourgeois Gates sont caricaturaux à souhait avec le mari hautain et la femme insatisfaite, Léon l'homme à tout faire mais aussi très pervers). De plus, pour un récit se voulant globalement en défense des natifs d'Amérique il y a plusieurs choses qui m'embêtent et plus généralement, le récit est souvent un peu malaisant voire glauque. D'abord, l'usage régulier du mot "squaw" qui, si l'on en croit wikipédia, a une connotation péjorative et raciste et équivaut en gros au mot "nègre" ou "negro" pour parler des femmes natives. J'entends que le mot était d'usage à l'époque et qu'il fait sens dans la bouche d'un cowboy détestant les indiens, mais on le retrouve parfois aussi sans raison dans le texte du narrateur ou de personnages bienveillants vis-à-vis des Indiens natifs. On a aussi trop peu d'infos sur les différences entre les différentes tribus et le vécu de chacune (ce que Curtis a passé sa vie à étudier) et on finit par juste considérer que l'auteur parle des "Indiens" alors qu'il essaie en même temps de dire que le récit est centré sur les Dakotas. Enfin, je trouve qu'il y a beaucoup (trop) de personnages ultra-libidineux, hommes comme femmes, sans que cela apporte grand chose au récit à part une ambiance scabreuse de récit érotique/pervers qui est un peu lourde et nuit au récit.

En résumé, j'ai été un peu déçu de trouver un Curtis peu crédible, une histoire finalement plus centrée sur les pensionnats que sur les pérégrinations de Curtis au travers l'Amérique du Nord et une description somme toute assez maigre du mode de vie des Dakotas en comparaison au temps passé à décrire l'horreur des pensionnats et des personnes y travaillant et aux scènes érotico-scabreuses. Le récit plaira cependant peut-être à qui veut se faire une idée de la vie à la fin du XIXe en Amérique du Nord

tionoma
3
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le 5 déc. 2024

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