Carmen, enseignante spécialiste de l’Amérique latine semble vivre une vie tranquille : mariée et mère d’une petite fille. Mais elle peine à se remettre de la mort récente de son père, Ernesto, réfugié argentin des années 70. Il laisse beaucoup de non-dits. Un peu plus d’un an après sa mort, Carmen découvre sept carnets écrits par Ernesto à partir de ses huit ans.

Ce court roman d’une densité incroyable, commence comme celui d’une fille de réfugié qui se cherche et qui oscille peine à vivre pleinement. Même son mari et sa fille ne comblent pas la béance qu’elle a en elle. La découverte et la lecture des carnets intimes de son père vont la plonger dans un monde insoupçonné, violent.

Très franchement, je ne m’attendais pas à cela. Je croyais lire un petit roman sur la recherche des origines, sur la difficulté à vivre sans connaître son passé et celui de ses parents. Mais j’étais très loin de penser qu’il remuerait autant, qu’il serait aussi dur. Johanna Krawczyk aborde pas mal de questions. Sur la filiation. Doit-on et peut-on lire les écrits intimes de ses parents ? "Je ferme le carnet ; peut-être qu’il y a des secrets qui doivent le rester, peut-être que toutes les vérités ne sont pas bonnes à connaître ? Le mensonge protège là où la vérité foudroie, pourquoi faudrait-il toujours que la vérité triomphe ?"

Évidemment l’histoire récente de l’Argentine est l’un des contextes du livre, mais ne rien y connaître n’est pas un frein, car l’autrice l’explique simplement et sûrement. Et puis, l’on a sans doute pour beaucoup, en tête les images de ces grands-mères manifestant avec les photos de leurs enfants disparus.

Court roman (heureusement, tant il bouscule), dense, qui nous emmène loin de ce qu’on pouvait imaginer, intense et fort.

YvesMabon
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le 12 juin 2024

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Yv Pol

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