Avec les moines soldats par Chro
Par Romaric Sangars
« La communauté des écrivains post-exotiques (…) ne s’est pas élargie. Mais son indifférence au monde extérieur est à présent plus grande, assez forte, en tout cas, pour que même la figure d’un porte-parole lui semble superflue. » Le « porte-parole » réel de cette communauté imaginaire, c’est, bien sûr : Antoine Volodine. Lutz Bassmann, déjà apparu à plusieurs reprises dans son oeuvre, notamment comme narrateur et personnage principal de Dix leçons sur le post-exotisme, leçon onze, est donc un de ses hétéronymes. Cependant, l’hétéronymat chez Volodine ne fonctionne pas du tout à la manière de celui d’un Pessoa. Lutz Bassmann n’incarne pas une nouvelle démarche esthétique empruntée par l’auteur. Cette signature n’est qu’un prolongement du dispositif post-exotique déjà en place, celui d’une littérature marginale, collective, cryptée, se déployant à travers de nombreux genres et se réclamant de multiples auteurs, narrateurs et sur-narrateurs. Le délire post-exotique opère simplement une contamination plus large atteignant jusqu’à la stratégie éditoriale, appliquant par là avec orthodoxie l’un de ses dogmes esthétiques : la confusion du rêve et du réel. Ces deux ouvrages auraient très bien pu être publiés chez Seuil (éditeur de Volodine) et sous son nom, en pleine rentrée littéraire. Mais les impératifs de cette « littérature des poubelles » sont plus forts que la plus évidente logique éditoriale. Alors que son œuvre se déploie et gagne en reconnaissance, Volodine s’applique à redéfinir les marges nécessaires à son univers, un univers qui en procède. (...)
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