"I shall come again, and shall once more be beautiful, I swear it!"
Après le succès monstrueux d'Elle, une suite était prévisible. Et pourquoi pas, après tout ? Ce roublard de H. Rider Haggard avait laissé suffisamment de fils pendouiller à la fin de son roman pour y accrocher des intrigues supplémentaires.
Le problème, c'est que l'intrigue qu'il a choisie de greffer ici, c'est un décalque presque parfait de celle d'Elle. Les deux héros se lancent de nouveau dans une quête apparemment impossible pour retrouver Ayesha, ils doivent de nouveau lutter contre les éléments et les indigènes avant de parvenir de nouveau dans un royaume isolé du reste du monde où leur bien-aimée règne de nouveau en souveraine absolue, mais une catastrophe ne tarde pas à les séparer de nouveau. Cette structure était tout à fait appropriée dans le premier livre, mais ici, le lecteur connaît déjà Ayesha, et le faire languir pendant les deux tiers du bouquin avant de faire réapparaître le personnage n'est rien moins qu'idiot.
Du coup, il est difficile de se passionner pour les mésaventures de Leo et Holly dans les neiges du Tibet. Le premier gagne un peu en consistance par rapport à son portrait dans Elle (il aurait été difficile de le rendre encore plus fade, certes), mais le second est cruellement décevant : les conflits qui l'animaient ont laissé place à une dévotion béate et à une regrettable absence d'esprit critique. Les nouveaux personnages ne semblent quant à eux n'être présents que pour occuper des rôles prédéfinis. Pire : les scènes frappantes qui abondaient dans le premier sont beaucoup plus rares ici, et presque toutes concentrées dans le dernier tiers du bouquin, avec une Ayesha déchaînée qui enchaîne les crowning moments of awesome à une cadence soutenue. Pour ne rien arranger, le style de Haggard confine à l'autocaricature : lourd, répétitif et bourré de tournures syntaxiques à la noix et de pseudo-archaïsmes ridicules.
Le dernier tiers est vraiment bien, donc ça vaut la moyenne. Mais pas plus.