Par Emmanuel Caron

Bartleby fascine. Gilles Deleuze l’a postfacé, Giorgio Agamben lui a consacré un essai philosophique, Maurice Ronet en a fait un film rare, et François Verret un spectacle de danse. Il est vrai que ce préposé aux écritures créé à la fin du XIXe siècle par Herman Melville dans une nouvelle éponyme (Bartleby, le scribe) avait une curieuse façon de répondre aux requêtes de son employeur. Imperturbable et laconique, Bartleby opposait toujours de sa voix fluette un I would prefer not to comme seule fin de non-recevoir . Une trouée créatrice dans la modernité travailleuse. L’écrivain espagnol Enrique Vila-Matas ne pouvait rester insensible devant un tel cas pratique. Déjà, dans Abrégé d’histoire de littérature portative, une de ses précédentes fictions parue en 1991, il s’intéressa à une conjuration secrète et loufoque d’artistes et d'écrivains voyageurs -les dénommés shandys- dont l’une des caractéristiques était de pouvoir faire tenir leur œuvre dans une valise, de préférence vide.

Dans Bartleby & cie, E.Vila-Matas va déceler chez ce copiste une maladie : le syndrome Bartleby dont les symptômes sont "un mal endémique, une pulsion négative [et] une attirance vers le néant qui empêche[nt] en apparence certains écrivains de le devenir vraiment". Ce peuvent être la folie, le suicide, la fuite, le silence, l’exil, la lecture, le passage définitif d’une langue à l’autre, la dynamique brisée, la peur de la page blanche, l’épuisement, la contemplation, la perte d’un être cher… Pour chaque cas, Vila-Matas sort une citation, une anecdote, une référence puisées dans l’histoire de la littérature mondiale venue étayer son diagnostique.

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Chro
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le 7 avr. 2014

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