C'est frustrant et parfois même rageant, d'autant que les mystères entourant les visions n'aident pas à y voir clair – on peut en dire autant du plan de la cité proposé dans les premières pages, illisible. Mais le cadre fascine, et la destinée de Nafai, se précisant petit à petit (messager d'un dieu qui ne sait d'abord s'adresser à lui que par des rêves énigmatiques), entretient un certain suspense sur ce que sera sa mission, et surtout sur les responsabilités énormes qui lui incomberont. L'écriture est dynamique, riche et parfois percutante, malgré des dialogues empesés, avec un vocabulaire qui sait puiser dans différents registres.
De fait, le style est très différent de ce qu'on trouve ailleurs, même si on peut établir une certaine parenté avec Asimov dans la manière de faire avancer les intrigues par les dialogues. Par un discours parfois ouvertement pédagogique, on a quand même par moments l'impression d'être devant un juvenile : beaucoup de démonstrations inutiles, de répétitions de situations qui peuvent agacer. A contrario, la fin de ce volume est toute en accélération, presque bâclée, pour aboutir à une révélation qui annonce un périple d'ampleur cosmique.