Rose découvre que sa mère, Brigitte a disparu. Pour seule consolation, ce mot laissé par sa mère et qui demande à la jeune femme de vingt-sept ans de ne pas chercher à la retrouver. Pour Rose c’est un véritable cataclysme et l’incompréhension. Mais elle doit se rendre à l’évidence, Brigitte ne donnera plus signe de vie et le temps passe sans les retrouvailles espérées.
Une dizaine d’années plus tard, c’est un fait divers terrible qui va donner envie à Rose de se mettre en quête de sa mère mais aussi de sa propre identité. Ce fait divers, c’est l’abandon sur une plage de Berck d’une petite fille de 15 mois par sa mère. Enfant qui sera retrouvée noyée. Devenue mère à son tour, Rose se penche sur ses origines. Car sa mère fait partie de ces plus de 2 000 enfants nés à la Réunion et déplacés en métropole entre 1963 et 1982 pour repeupler les campagnes de la Creuse. Un secret d’état qui a du mal à cacher que des enfants ont été enlevés à leurs parents, déracinés, accueillis tant bien que mal dans de nouvelles familles et qui se trouvent la plupart du temps rejetés de tous les côtés. Et que leur histoire et leur vie sont irrémédiablement marquées et changées par ce déplacement.
Alexia Stresi ausculte les liens filiaux, la maternité, l’héritage familial et l’abandon à travers une histoire très féminine. Elle interroge sur ce qui fait qu’on devient mère, sur ce qu’on transmet à ses propres enfants de sa mémoire ou sur ce qu’on fait peser sur leurs épaules.
L’histoire est touchante mais à mon sens le fait divers est en trop. L’auteure ajoute l’histoire de quelques personnages habitants de Berck confrontés à ce drame mais sans que cela apporte réellement de ressort à l’histoire. Le fait d’être mère me parait au contraire être un excellent point de départ et largement suffisant pour la quête de Rose car elle s’interroge beaucoup sur ce qu’elle va transmettre à ses jumelles, sur la manière de leur parler de leur grand-mère disparue, sur cette différence entre elles car si Rose a la peau claire, ses deux filles ont hérité de la couleur de peau de leur grand-mère. L’héritage de Brigitte et de Rose me paraît déjà suffisamment lourd pour justifier de raconter cette histoire sans y ajouter ce sordide fait divers. Ou en tous les cas je n’en ai pas saisi l’intérêt dans le cadre de ce récit. Mais cette quête d’identité, ce besoin de comprendre d’où l’on vient, ce désir de transmettre une histoire sans en communiquer le fardeau sont très justement traités à travers les personnages en miroir de Rose et de Brigitte.