Un magnifique voyage dans le monde occidental du Moyen-âge.
Partout où il passe, Baudolino, fieffé menteur, fait l'Histoire. Vous pouvez vérifier : les dates, les événements, les lieux, les personnages, tout dans la première partie du livre est véridique. Une fois cette confiance établie avec l'auteur, nous sommes prédisposés à accepter la suite, beaucoup plus fantastique. Nous sommes emmenés bien plus loin que Constantinople, plus loin que Jérusalem, aux limites du tabernacle du monde, plongés de plus en plus profondément dans le fantastique. Mais cette itinérance est aussi un moyen de découvrir un panorama des courants de pensée et des débats de l'époque : l'existence du vide, la forme de la Terre, l'héritage des auteurs antiques, la foi et ses subtilités qui peuvent déclencher des guerres...
Enfin, je voudrais féliciter le traducteur de ce livre. L'exercice de reconstitution du langage populaire au XIIe siècle au début de l'ouvrage avec le filtre d'une érudition feinte par Baudolino est tout simplement exemplaire, et ces quelques pages ont assurément dû demander au traducteur le même exercice qu'Eco pour le français roman parlé au XIIe dans les campagnes. Chapeau donc aux deux auteurs : Umberto Eco et Jean-Noël Schifano!