Le fond mais pas la forme

S'il avait été écrit autrement, ce livre aurait pu me plaire. Je m'explique. Le thème de l'histoire contée par Nina Bouraoui, la rupture amoureuse, est universel et parlera à toutes celles et tous ceux qui se plongeront dans ce roman ; tout un chacun se reconnaîtra dans les diverses étapes que le personnage traverse et s'identifiera instantanément à lui – à elle, en l’occurrence. Mais, s'il est annoncé comme un roman, cet ouvrage s'apparente pour moi plus à un récit : narration à la première personne du singulier, introspection, quasi-absence de dialogues (un seul chapitre en comporte, soit une demi-douzaine de pages seulement sur les 252 qu'en compte le roman). Et le récit, sans l'abhorrer, est loin d'être le genre littéraire que j'affectionne le plus. Je ne doute pas un instant que cette histoire sorte de l'imagination de l'auteure – même si elle a très certainement dû puiser dans son expérience personnelle pour ce faire – mais la façon dont elle la raconte s'apparente trop au récit et je n'ai par conséquent pas eu la sensation de lire un roman.

De plus, je trouve le style de l'auteure pesant. Ses phrases interminables pouvant s'étaler sur plusieurs pages, remplies de virgules en veux-tu en voilà, le signe de ponctuation recourbé s'enchâssant dans les phrases parfois tous les deux ou trois mots, m'ont oppressé. Bien que ne lisant pas à voix haute, cette façon d'écrire me donne l'impression d'étouffer, me faisant attendre avec impatience l'apparition d'un point pour pouvoir enfin respirer, pouvoir enfin reprendre mon souffle.

Alors oui, Beaux rivages est réussi dans son aspect psychologique, thérapeutique, Nina Bouraoui nous proposant quelques pistes de réflexions salutaires en pareil cas – nous avons tous vécu et, malheureusement, revivront certainement encore ce genre de situation. Mais le côté récit plus que roman et, surtout, le style de l'auteure, m'ont rebuté et empêché d'apprécier ce livre à sa juste valeur.