lecteur pressé, passe ton chemin !
Bien loin de l'écriture standardisée des ateliers d'écriture des universités américaines à laquelle l'auteure nous a habitué, voici un très long roman, entre écriture baroque et romantisme magique. Il y a du Mervyn Peakes chez les Bellefleur.
Toutefois les thèmes récurrents de l'oeuvre de Joyce Carol Oates se trouvent dans ce roman foisonnant : la misère des campagnes américaines, la misère sexuelle, la lutte des classes, la lutte pour le pouvoir, les difficultés de l'enfance et l'adolescence, et la violence toujours affleure.
Elle nous propose également une réflexion sur les limites de la liberté individuelle dans une société américaine cloisonnée où les origines et les racines entravent les destins.
Un livre de la démesure, dans une quasi unité de lieu, le château fantastique né de la formidable ambition d'un des Bellefleur et un roman terriblement déroutant dans son écriture : l'histoire de la famille se met en place comme un puzzle hésitant, au rythme de phrases longues.
C'est aussi un conte sur le capitalisme américain et une de ses dynasties aveugles et sourdes, mue par un égocentrisme effrayant, qui l'entraînera inexorablement vers sa perte, après des générations balancées entre pouvoir et richesse et médiocrité et dégénérescence.
Ce n'est bien sûr que dans les dernières pages que l'on comprendra la ou les fautes originelles, qui minent inconsciemment les membres de la famille. La malédiction épargnera toutefois ceux qui osent prendre d'autres chemins. Comme à Sodome et Gomorrhe, les justes seront sauvés.