Une créativité littéraire certaine dans ce polar déconstruit

Le premier attrait de ce polar est qu'il est argentin et écrit par une femme.Son personnage principal, Nurit Iscar, est un prolongement d'elle-même puisqu'elle a le même âge et ses considérations sonnent d'autant plus justes.
Ensuite, c'est la façon de raconter l'histoire.Les enquêteurs sont pour la plupart journalistes et l'intrigue est alimentée tout au long du livre. Le meurtre perpétué dans cette résidence trés surveillée va aussi réveiller de vieilles histoires honteuses.Toute cette imbrication de faits qu'Iscar ,Brena et le gamin des faits divers (dont on ne saura jamais le patronyme) mettent à jour fait que leur enquête n'est pas balisée, que certains éléments périphériques comptent autant que l'enjeu dramatique. Quelque part, cette déconstruction volontaire du polar où l'épilogue amène à un regard particulier sur la résolution, est précieuse et menée d'une main de maître.
J'ai beaucoup aimé aussi le choc des générations dans ce livre où quinquas et jeunes gens se télescopent dans une Argentine qui s'est vraiment occidentalisée à l'heure des réseaux sociaux et du numérique. Claudia Pineiro a su saisir cette atmosphère tout en ayant également un vis à vis presque suranné face à ses personnages mûrs,entre Dick Tracy et Sin City.
Je vous conseillerai Bétibou si vous aimez être surpris et prendre les chemins de traverse en littérature.Et à lire justement attentivement en cette période propice aux romans de plage.