Tout écrivain devrait à un moment ou à un autre rédiger son autobiographie littéraire. C'est ce que tente de faire une nouvelle fois Beigbeder dans un classement propre à l'époque où ses critiques de livres, oscillant entre l'intemporel et le périssable, viennent en faire un des nôtres. Je serais d'ailleurs curieux de savoir comment seraient reçues les critiques de Beigbeder s'il les publiait anonymement sur Babelio ou Sens Critique ? Serait-il noyé dans la masse ou son talent, indépendamment de sa notoriété, surnagerait et remporterait tous les suffrages des cyberlecteurs.
On a tout de même l'impression que Beigbeder mélange les torchons et les serviettes, faisant cohabiter subjectivement des œuvres parties pour être éternelles et des phénomènes d'édition destinés à un oubli déjà entamé.
Il y a cependant deux auteurs contemporains dont j’avais à peine entendu parlé et qui me semblent intéressants à découvrir que sont Ann Scott et Vincent Ravalec, au vu de ce qu'en dit Beigbeder et leurs omniscientes fiches Wikipédia.
Bibliothèque de survie a donc la vertu de la découverte ou de la confirmation. De nous orienter vers des formes nouvelles de tentation ou d’acquiescer à la célébration du familier.
Mais ce classement ne serait rien ou alors fortement amputé si on y enlevait le petit avant-propos intitulé Bréviaire d'incorrection littéraire. Court mais définitif sur la liberté absolue dont doit jouir la littérature. Contraignez les autres arts si cela vous chante mais ne touchez pas aux livres et à leur incorrection.
Pour conclure, un livre pour les amoureux des livres qui aiment comme une obsession ressassée qu'on leur parle de leur matière favorite, la littérature.
Beigbeder, par la critique, exerce dans un style qu'il maîtrise, il informe et influence, fait le boulot avec une jubilation qui transparaît et surtout révèle une partie de son âme par la sincérité de ses choix.
Samuel d'Halescourt