Seul le conte a dit ces mots
A cheval entre théâtre et poésie, une "dramolette", au dire même de l'auteur, Blanche-Neige met en scène l'après-conte, et dit la vérité du conte, qui est son mensonge, dans un jeu où chacun des protagonistes se voit livré à sa vérité propre, une vérité où les femmes assurément tirent leur épingle du jeu au détriment du désir des hommes, petit prince vert et chasseur de vert vêtu, manipulés, manipulés.
La vérité ne se dit que du retour de la parole des femme sur ce que le conte rendit public : désirs de mort, refus de grandir. Les hommes ne disent rien, au fond, répétant le grand silence bavard et convenu du conte. Ils sont arrêtées. Les deux femmes, mobiles, labiles, bavardes, capturent l'instant propre, l'essence du temps sans fixation et l'inanité des grands fossiles d'amertume capturés par les récits.
"Oh taisez-vous. Seul le conte a
dit ces mots - vous, bob, moi, jamais.
Une fois ai-je dit, une fois, oui -
c'est fini. "
Fabienne Raphoz-Fillaudeau fait suivre le texte agréablement proposé en édition bilingue d'une rapide analyse et d'une courte anthologie de quelques unes des variantes traditionnelles du conte, fidèle en cela à l'esprit de la très-belle et toujours étonnante Collection Merveilleux des Editions José Corti.
Un bien bel ouvrage.