Petit coup de cœur mais...

Lorsqu’une collectionneuse de poupée retrouve la vieille Elisa Burlington pour lui demander des informations sur une poupée cousue par sa mère, des souvenirs de son enfance malheureuse affluent dans la mémoire de la vieille femme noire.

Une enfance passée dans une plantation de Virginie en tant qu’esclave, propriété d’un maître plutôt clément (peut-être son père biologique), mais aussi sous la constante menace du fouet du régisseur. Alors, à travers le souvenir d’un objet, c’est toute une époque qui est retracée...
Et la femme de se souvenir de cette période : la plus terrible mais aussi la plus pleine d’espoir tandis que, passées les limites de la plantation, se jouait la Grande Histoire, le président Lincoln arrivant au pouvoir et les débuts de la guerre pour l’abolition.

Par son écriture aboutie, par sa manière de raconter la grande Histoire de la traite négrière à travers le regard d’une petite fille qui en a été la victime, « Blue Pearl » est un roman émouvant. De mon coté certains passages m’ont glacés.

J’ai aussi particulièrement apprécié la complexité des personnages. Car les maîtres, malgré leur noirceur et leurs mauvais traitements envers l’héroïne et sa famille n’en restent pas moins humains. Des humains plein de contradictions.

Dès lors, on ne peut qu’éprouver des sentiments ambivalents pour eux. A l’exemple de leur petite fille, rendue cruelle et pourrie par les fruits de son éducation, puis par sa maladie.

Une petite fille, responsable de la mutilation de la poupée Blue Perle, seule bien d’Elisa qui, qui sait ? Pourrait peut-être bien être liée à la collectionneuse qui semble connaître Lizzie... (piste non exploitée par l’auteure). Car il est bien surprenant qu’une poupée non signée retrouve le chemin de son précédent propriétaire...

Cependant, autant j’exècre les romans trop « documentaires » avec des notes de bas de page expliquant tout, des pages entières en fin d’ouvrage d’analyses historiques et autres archives... autant je trouve que ce roman, pour le public auquel il s’adresse, manque de contextualisation historique.
Est-ce que ça parlera suffisamment aux jeunes lecteurs ? À mon avis dans l’état et sans intro écrite rappelant cette période historique, ce roman nécessite en amont une médiation de la part d’un adulte.
Sinon, il risque de tomber des mains du jeune lecteur ce qui serait très dommage.

Bref, petit coup de cœur de l’adulte que je suis mais du scepticisme concernant sa réception auprès d’un jeune lectorat...