Si le synopsis vous rappelle un certain film des années 90, c'est normal, c'est fait exprès. A la différence près que la jeune femme de cette histoire n'a fait qu'un stage insignifiant de quinze jours entre les murs du FBI et que ce ne sont pas les agneaux que vous entendrez bêler mais une musique des Beatles (que vous partage après ma chronique). Qu'à cela ne tienne, l'expérience notre tueur en série n'en a cure, il ne veut qu'elle pour parler dans sa cellule et la pauvre Seon-Gyeong va vite se rendre compte, à la manière de la fameuse Clarisse, que l'idée n'était pas si fameuse que ça.
Qu'est-ce qui fait un tueur ? A quel moment décide-t-on de passer à l'acte, de sombrer du mauvais côté. Gène dégénéré, éducation, environnement, maltraitance, déclic, choc psychologique ? de nombreux experts se sont penchés sur la question et je suis persuadée que nous sommes nombreux, nous lecteurs de thrillers, à nous être déjà posé la question. L'auteure également à l'évidence car elle nous entraîne dans deux histoires parallèles vécues en quinconce par Seon-Gyeong.
Côté pile. Gyeong-Do. Charismatique, visage d'ange et tueur en série. Sans conteste, le personnage que j'ai préféré dans cette histoire, pour lequel j'ai ressenti énormément d'empathie. J'assume et je pense que c'est voulu par l'auteure. A aucun moment on ne parle de la violence de ses crimes, ni d'aucune de ses victimes, chacun de ses chapitres est concentré sur ses émotions, son combat pour comprendre le monstre en lui, sa recherche d'absolution ou du moins une trace d'amour maternel. C'est atroce mais à aucun moment je n'ai éprouvé de haine ou ne serait-ce qu'un peu de colère contre lui. De la peine, de la pitié, de la tristesse, même un peu d'espoir oui, mais à aucun moment je ne l'ai détesté. Impossible quand on lit son passé de ne pas éprouvé un peu de compassion pour l'enfant qu'il a manqué d'être.
Coté face. Ha-Yeong. Gamine de onze, fille issu du premier mariage du mari de Seon-Gyeong. Pauvre gosse élevée par une mère obsessionnelle qui s'est suicidée sous ses yeux, et qui débarque soudainement dans la vie de la jeune criminologue, suite au décès accidentel de ses grands-parents dans un incendie. L'occasion pour l'auteure de nous dépeindre un pan de la vie familiale en Corée. L'enfant est élevée depuis le décès de sa mère par les grands-parents maternels, mais son mari étant trop accaparé par son emploi, son éducation échoue à Seon-Gyeong bien qu'elle ignorait jusque là son existence. Difficile de devenir mère du jour au lendemain, qui plus est d'une pré-adolescente tellement perturbée qu'elle va nous faire dégainer notre check-list du parfait petit psychopathe afin d'en cocher toutes les cases.
Et au milieu de tous, Seon-Gyeong. Paumée, remplie de doutes, humaine. Un personnage que j'ai trouvé crédible et réaliste, plutôt proche de moi dans sa compassion pour ce tueur en série et cette gosse malmenée. Que voulez-vous j'aime les gens cabossés.
En conclusion un thriller psychologique auquel j'aurais rajouté quelques longueurs histoire d'en profiter un peu plus. Mais le tome deux m'attends !