Parfois dans la vie, il y a des livres qui implorent qu'on les lise. Ici, c'était un exemplaire de Bon Baiser de Russie que j'ai retrouvé chez ma défunte grand mère, dans une armoire du second, au milieu d'autres livres de poches. L'exemplaire datait de 1964, il était défoncé dans tous les sens, les pages se barrait (et au cours de la lecture celui-ci a fini par se séparer en deux.) Sur l'avant on pouvait voir une image de Sean Connery redessinée de l'affiche (En fait cette couverture illustre la critique que vous êtes en train de lire sur le cite) et sur l'arrière se trouvait non pas à un résumé du livre, mais quatre paragraphe vantant les mérites de la franchise James Bond :
"En Grande Bretagne, où l'on comptait cinq "poches" ayant atteint le tirage d'un million d'exemplaires, il y en a maintenant six : le sixième est un James Bond et huit autres James Bond s'appretent à franchir le cap du millions."
Et je me suis dit "ok, ce livre me file le cafard est beaucoup trop défoncé, normalement je le foutrais à la poubelle, mais je vais le ramener chez moi, et je le lis lorsque j'ai du temps à perdre." Ce qui fut chose faite à la fin de l'hiver. Et sans ça j'aurais jamais lu de Ian Fleming. Et....
... putain, c'était nul. Le livre est réputé pour être le meilleur James Bond et l'un des livres préféré de John Fidgerald Kennedy et tout ce que ça m'inspire... bah, c'est que Kennedy ça devait pas être une référence en matière de littérature.
Je trouve qu'il ne se passe pas grand chose. Est ce que c'est parce que j'ai plus l'habitude des films James Bond qui sont bourrés d'action ? Le livre possède une structure bizarre : le nom de James Bond n'apparait pas avant la page 70, et celui-ci est enfin le protagoniste à la page 117, tout le reste n'étant que la mise en place d'un plan ayant pour but de le tuer. Enfin, cette partie consiste surtout en la présentation des personnages qui font partis du plans visant à le tuer : le livre s'ouvrant sur trois chapitres racontant la vie d'un tueur nommé Grant (il va même se faire masser) dont on sait qu'il deviendra l'ennemi de Bond, se continue sur les officiels du SMERSH qui expliquent pourquoi ils vont s'attaquer à l'Angleterre puis se disent que Bond est un bon candidat, on s'attarde sur la vie du type qui va ourdir le plan (et qu'on ne reverra plus vraiment par la suite) sur une autre personne qui va recrutée la femme qui , etc...
Mais surtout, ce fameux "plan pour tuer James Bond" ne va vraiment démarrer qu'à la page 212 (sur 311 pages.) Entre les deux, on a James Bond qui se fait chier chez lui, qui se voit offrir une mission visant à rencontrer une femme qui se dit "totalement amoureuse de lui" en Turquie (et ce génie ne renifle même pas le piège à 3 kilomètres.) Il va en Turquie, il se fait un pote, il bouffe bien, il regarde deux femmes tziganes qui se battent, il espionne un peu les russes, il aide son pote à se débarrasser de son ennemi juré, etc...
Ça m'a rapellé les deux seuls romans S.A.S. que j'ai lu dans ma vie et à vrai dire je ne doute pas que De Villiers à pompé le canevas de ses livres à ce roman là : un agent va dans un pays, il fait le tour des lieux, va manger les plats locaux, se fait des alliés, va et vient vers sa chambre d'hôtel, etc.. Il y a même les mentions racistes en prime : les Turques sont vus comme des rustres, les Tziganes comme des arriérés et les fourbes comme des russes. (Et leur pays est nul à iech.)
Il n'y a que la partie finale à travers l'Orient Express qui offre enfin un semblant d'intrigue d'espionnage, et encore, il ne se passe pas tant de choses que ça. On voit surtout que James Bond est pas mal naïf et il ne doit sa survit qu'à un coup de bol... et à un ennemi qui déroule l'intégralité du plan en pensant que James Bond va mourir juste ensuite. J'ai beau savoir qu'à l'époque ça n'était pas un cliché, je trouve ça quand même assez stupide. Et la fin est bâclée.
Ian Fleming voulait tuer James Bond à la fin de ce roman, et ça se sent. J'ai cru qu'il y avait une erreur d'impression et qu'il manquait un chapitre. Mais non, ça s'arrête comme ça, avec une partie du scénario en suspend (on ne saura jamais ce qu'il adviendra de Tatiana, de la machine Spector, des agents du SMERSH.)
Bref, j'ai pas trop aimé. Il y a des moments pas trop, mal notamment tout le passé de Grant qui est une pure histoire de Serial Killer, ainsi que les passages avec Kerim qui sont sympa, et au final, ça se laisse lire, mais je doute que je lirais d'autres romans de James Bond (autant passer par les pages wikipédia qui en font un résumé assez chouette et exhaustif.) Par contre la lecture de la page wikipédia consacré à son adaptation me donne envie de la voir, ça a l'air bien plus pêchu.
Je peux enfin jeter ce livre à la poubelle sans un seul remord.
Nota : C'est ma 1200e note sur ce site !