Critique de Borgo Vecchio par Charybde2
Dans le vieux quartier populaire de Palerme, une fable surprenante, enlevée et violente, tragique et drôle, en une écriture fort rare. Sur le blog Charybde 27 :
Par
le 17 nov. 2019
1 j'aime
Sept chapitres écrits dans une très belle prose poétique et lyrique nous plongent au coeur du Borgo Vecchio, quartier populaire de Palerme, où nous rencontrons une poignée de personnages hauts en couleur : Giovanni, charcutier prêt à tout pour économiser quelques grammes de mortadelle, son fils, Mimmo, le gamin des rues qui traîne avec le pauvre Cristofaro, le gosse qui reçoit tous les soirs sa dérouillée et dont les cris de douleur résonnent dans tout le faubourg...
Il y a aussi Carmela, la prostituée au corps de lumière et de feu qui a disposé le manteau d'une vierge au-dessus de son lit et a repeint le plafond en bleu pour que ses clients s'imaginent au paradis. Elle a une fille, la Carmela, une belle Celeste qui attend patiemment sur son balcon que sa mère ait cessé de rendre les hommes un peu heureux, la belle Celeste dont Mimmo est fou d'amour…
Complétons le tableau avec Totò, le pickpocket, qui range son couteau dans ses chaussettes pour éviter de couper trop souvent la gorge des belles dames du centre ville... Même que le Mimmo aimerait bien s'en servir, de ce couteau, pour l'enfoncer entre les deux côtes du père de son copain Cristofaro.
Et Nanà, le cheval à qui l'on parle, à qui l'on explique au creux d'une oreille de velours ce qu'est l'amour, à qui l'on confie tout le poids des lourds secrets et qui, dans le silence de sa douce nature animale, bat des cils pour dire qu'il a compris et qu'il ne répétera jamais les tendres mots qu'il a recueillis au fond de son coeur.
Et tout ce petit monde pleure et rit, embrasse et tue, vole et donne, se donne aux autres, à la vie, au soleil qui fait taire tout le monde aux heures lourdes de l'après-midi.
Et cette vie est palpable dans l'écriture de Giosuè Callagiura et c'est là que se trouve toute la magie de ce texte, dans le coeur qui bat, la veine qui palpite, le corps qui frémit et l'esprit qui tremble. Cette VIE, elle est là, dans l'odeur du pain chaud qui se répand doucement, délestant les épaules de l'ivrogne de tout le poids d'un monde qu'il peinait à porter, ralentissant le pas des belles dames et de leur ombre sur les murs ocres du quartier.
Et puis il y a Dieu, ici, là, partout, nulle part, dans les coeurs et dans l'air, dans le sang et les larmes, dans la vie et la mort, ici, là, partout, nulle part.
Chaque page est un autre jour dont il faudra atteindre la nuit, vivant si possible, heureux ce serait mieux, mais à Borgo Vecchio on n'en demande pas tant.
Intense, beau et frémissant d'humanité…
LIRE AU LIT le blog
Créée
le 29 août 2019
Critique lue 306 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Borgo Vecchio
Dans le vieux quartier populaire de Palerme, une fable surprenante, enlevée et violente, tragique et drôle, en une écriture fort rare. Sur le blog Charybde 27 :
Par
le 17 nov. 2019
1 j'aime
Des personnages truculents, une histoire aussi drôle que cruelle menée tambour battant... Ce roman est une bien belle découverte et l'on a hâte de lire les suivants !
Par
le 27 janv. 2020
1 j'aime
Non pas que la misère serait moins pénible au soleil, comme le chantait Aznavour, mais la littérature a le privilège de lui donner d'autres couleurs, plus supportables, peut-être pas, mais poétiques...
le 14 août 2019
1 j'aime
Du même critique
Il était une fois une famille de pauvres paysans : le père, la mère et les quatre filles. Un jour, le père décida de vendre son aînée à un homme riche qui en fit son esclave. Le père regretta...
Par
le 28 avr. 2019
29 j'aime
7
Parfois, l'on me demande : « Pourquoi écrivez-vous sur SensCritique ? » Eh bien, la réponse est simple : pour parler de livres comme celui-ci, pour les faire connaître, pour...
Par
le 22 mai 2017
22 j'aime
5
Je ne lis pas de témoignages. Si j'ai souhaité lire Le lambeau, c'est uniquement parce que je savais que ce texte avait une dimension littéraire. J'ai besoin du filtre de l'art pour m'intéresser au...
Par
le 26 avr. 2018
20 j'aime
2