"Nous roulerons unis dans les ténèbres"
"Nous tendons à la mort, comme la flèche au but et nous ne le manquons jamais, la mort est notre unique certitude et nous savons toujours que nous allons mourir, n'importe quand et n'importe la manière. Car la vie éternelle est un non-sens, l'éternité n'est pas la vie, la mort est le repos à quoi nous aspirons, vie et mort sont liées, ceux qui demandent autre chose réclament l'impossible et n'obtiendront que la fumée, leur récompense."
Ainsi commence Bréviaire du chaos.
Une haine palpable de l'homme, la "masse en perdition", habite ce livre, haine distillée via de court textes indépendants mais se rapportant tous aux mêmes sujets : Le non-sens de la vie, la bêtise de l'homme et la fin des temps, inéluctable.
Ce format tout en texte court en fait un livre que l'on ouvre régulièrement au hasard, par pur plaisir (malsain), pour relire un des textes. Nihiliste et misanthrope ultime, Caraco était surtout un écrivain adepte de la phrase choc : résolument moderne, la plume rageuse de cet homme né au début du 20eme siècle n'a rien de lourd ni d'incompréhensible, une caractéristique pourtant commune chez les philosophes. N'hésitant jamais à tomber dans le vulgaire quand il le faut, son style sans ambages ravira tout ceux que la poésie emmerde.
Introduction parfaite à Caraco, le "Bréviaire du Chaos" est le livre que je garde précieusement à mon chevet, celui qui m'accompagnera partout, usé et bourré de pages cornées sur mes textes favoris. L'œuvre, d'une rare noirceur, n'est cependant pas à mettre entre toutes les mains, loin de là.