Dieu est dans les détails
Le regard de Bruegel est avant tout humain. Il y a peu de peintres chez qui l'on sente à tel point l'ouverture aux réalités vécues, souvent âpres et difficiles, de ses contemporains. Car Bruegel ne s'intéresse que fort peu à la bourgeoisie d'Anvers, sa ville, mais beaucoup plus à tous ceux, forts négligés jusqu'à lui par les artistes, pour qui la vie est un combat quotidien. Bruegel a un génie tout particulier pour restituer la vie quotidienne en son temps; et sans doute faudrait-il parler d'un Bruegel "historien", se servant de la force de l'image pour dire ce qui est. La plupart des critères de l'art pictural ne s'applique que fort difficilement à Bruegel, lui qui sait si bien par exemple se servir du fantastique pour mieux restituer le vrai. Aussi peut-on dire pour reprendre le titre de l'un des chapitres de ce livre, que chez lui Dieu est dans les détails. En précisant toutefois qu'il s'agit plutôt chez notre flamand du dieu de Feuerbach, de l'esprit de l'humanité.