"tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes", qu'ils disaient
Comme beaucoup, j'ai lu Candide au lycée, quand ma prof de français nous l'a mis entre les mains avec 2 semaines pour le lire. Et là, autant dans ces circonstances j'ai déjà eu des bonnes surprises, autant là c'est pas passé.
Pourtant ce n'est pas fastidieux à lire ; l'histoire a un bon rythme, on peut le lire comme un récit d'aventure avec beaucoup de plaisir (même si c'est parfois assez dur ce qui arrive à notre ami...), c'est souvent assez drôle...
Oui mais voilà, ce n'est pas un roman d'aventure, c'est un essai philosophique. Et Voltaire ne nous laisse pas l'oublier. Si bien que même si la lecture est agréable, on sent à chaque ligne, à chaque mot, que l'auteur veut mettre en évidence son point de vue. C'en devient exaspérant de se faire tenir la main comme ça tout le long, j'avais l'impression d'un petit Voltaire sur mon épaule qui me criait à l'oreille toutes les 2 minutes "tu vois, j'ai raison!". D'autant que l'argumentation est toujours la même! Et ce n'est même pas une argumentation par la logique, c'est une argumentation par l'exemple ; pour nous prouver que le mal existe dans le monde et qu'il est aléatoire et injuste, il nous raconte les mésaventures d'un type, Candide, à qui il n'arrive que des crasses. En fait, la morale de Candide c'est en gros "shit happens"...
Non, menteur!
Même du haut de mes 16 ans à l'époque il m'était déjà arrivé de faire tomber mon cornet de glace par terre, de rater mon bus, et de voir les images de la guerre au 20h. Tout un livre pour nous dire que "le monde il est pas tout beau" et que c'est crétin d'être optimiste, merci! Cette manière expéditive de clôre le débat sur un constat aussi évident, et sans aucun renfort d'argumentation m'avait vraiment énervé. Et à chaque fois qu'il arrive un malheur à Candide, Pangloss qui nous répète "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes", paraphrasant pour mieux le ridiculier Leibniz. C'est oublier que l'ami Leibniz nous disait "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", comme nous l'a révélé mon prof de français... Ca change quand même pas mal de choses et encore une fois, la manière de faire de Voltaire est très contestable puisqu'il tronque volontairement la formule de son adversaire pour lui faire dire quelque chose qu'il n'a pas dit...
Bref la lecture m'avait déjà énervé, et la contextualisation que j'avais eu en cours n'avait fait que renforcer ce sentiment.
Pour finir, dans la dénonciation de l'idée de fatalisme qui ressort de la formule de Leibniz, j'ai mille fois préféré "Jacques le fataliste et son maître" de Diderot. Là l'auteur nous entraîne dans une histoire beaucoup plus complexe, mêlée de satire sociale et morale, qui est beaucoup plus intéressante, et qui laisse place à une plus grande rélfexion de la part du lecteur parce que beaucoup plus argumentée (ou devrais-je dire argumentée tout court?...)