Déguster les trois tomes des carnets de Camus, c'est affronter les deux faces de son soleil invincible: l'or et le noir, tout au long d'un défilé d'aphorismes et de pensées brillantes, anecdotiques ou hermétiques. C'est également l'émotion de voir vieillir un homme de coeur, ambivalent et évoluant dans toute l'Europe avant pendant et après la guerre, de retrouver les bribes, dialogues, corrections et commentaires des oeuvres qu'il crée parallèlement, On parcourt les années le coeur serré de voir se rapprocher la date fatidique de son accident, regrettant de devoir laisser partir plus qu'un grand homme du siècle: un confident, un compagnon capable de parler à l'adolescente que je fus comme à la femme que je suis et celle que je deviens. "Le poète doit mourir pour que les autres puissent vivre." Dont acte.