Mélancoliques mimoïdes
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Que ce soit d'emblée tout à fait clair : Catriona est loin de valoir Enlevé !, la première partie des Aventures de David Balfour.
Comme je l'avais déjà précisé, ce double roman s'appuie sur un fait historique : le meurtre, en 1752, dans les Highlands, de Colin Roy Campbell (le meurtre d'Appin) et l'arrestation qui s'ensuivit de James des Glens, du clan rival des Stewart. Sous la plume de Stevenson, James n'est en rien coupable et notre héros, David, a assisté à l'assassinat (ce qui lui vaudra bien des misères) et vu le visage du véritable meurtrier. Il est donc logique, pour ce jeune homme fort naïf issu des Basses-Terres, d'aller témoigner pour que l'on délivre James. Son compagnon Alan Breck, lui aussi du clan des Stewart, a beau jeu de lui expliquer qu'en pleines rivalités claniques, la vengeance prévaut forcément sur la justice, le pouvoir judiciaire étant détenu par les Campbell ; David a fait serment de se montrer loyal et, en gros, d'aller se jeter dans la gueule du loup. Nous le retrouvons donc ici avec guère plus de plomb dans la cervelle qu'auparavant, décidé à faire rendre justice, mais aussi à aider Alan, rebelle jacobite, à s'échapper d’Écosse pour rejoindre la France. Et ne voilà-t-il pas qu'au milieu de tout ça, il tombe amoureux de la fille d'un Mac Gregor.
Oui, donc là, il faut bien se remettre en tête toutes ces histoires de guerres fratricides entre clans des Highlands, ce qui, pour ma part, ne fut pas une mince affaire - j'avais lu la première partie il y a déjà un bon moment. Et mieux vaut s'accrocher, car une bonne partie de l'histoire va tourner autour de ça, ou, plutôt, autour des sournoiseries et manigances qui vont entourer l'affaire du meurtre d'Appin, afin que James des Glens soit pendu haut et court sans qu'il soit question de savoir s'il est coupable ou pas. Comme on l'explique en long et en large à David, tout ça, c'est de la politique, et on aimerait autant qu'il n'y fourre pas son nez. D'où s'ensuivent moult discussions entre différents protagonistes, qui relèvent de la ruse et de la machination politique. D'où s'ensuivent également moult tergiversations de la part de David - qu'on va tenter d'assassiner, qu'on va enlever encore une fois (alors qu'il était prévenu, le bougre ! ) Et qui ne mèneront à rien, puisque finalement, il va se laisser plus ou moins corrompre par le Procureur (Campbell, évidemment), tout en faisant des pieds et des mains pour sauver James. C'est que les actions de David manquent légèrement de cohérence et qu'il est bien trop préoccupé par son amour pour la jeune Catriona pour s'attarder sur l'injuste sort de James. Et l'Histoire étant ce qu'elle est, on ne pouvait de toute façon guère s’imaginer une fin heureuse pour le chef du clan Stewart...
Toujours est-il que ces tergiversations et ces manigances occupent une certaine place dans le récit. Une place, en fait, assez prépondérante. Une place excessive, dirais-je. J'ajouterai que l’histoire d'amour n'est pas des plus passionnantes, d'autant qu'elle aussi est émaillée de discussions plus ou moins houleuses entre les deux jeunes gens, de disputes, et de tout un tas de niaiseries de ce genre. Le passage le plus captivant est celui de l'enlèvement (eh oui, forcément) de David sur une île isolée (on songe un peu aux Gais lurons, pour l'ambiance, et l'insertion d'un récit dans le récit est une référence plutôt amusante aux récits horrifiques qu'on commandait à Stevenson), ainsi que ceux, malheureusement trop courts, où il retrouve la compagnie d'Alan Breck. Pour le reste, ça se lit tranquillement, sans dégoût, mais c'est assez décevant en comparaison avec Enlevé ! Dommage.
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Créée
le 3 sept. 2016
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