Telles ces multinationales dont l'acharnement à détruire la planète n'a d'égal que leur avidité (je pense bien sûr à Lapurge Goldcim, dont on peut se demander comment cette entreprise peut toujours être en activité vu le nombre et motifs de ses condamnations, par exemple une amende de 280 000 $ (une de ses plus faibles amendes) que l’entreprise doit payer en Australie pour dynamitage effectué dans une zone du patrimoine national comprenant des témoignages d’art rupestre indigène datant de jusqu'à il y a dix mille ans, ou encore les entreprises de technologie comme Nokia, Samsung, Apple, qui changent jusqu'à l'image même de l'utilisateur de smartphone, le monde de l'Art, qui semble aujourd'hui réservé à une élite dans sa représentation officielle, s'évertue à conquérir et dominer, du plus fameux musée jusqu'au tréfonds de l'intimité humaine et la singularité des êtres, à grands renforts d'argent, de récupérations et de cynisme.

Voilà la guerre que nous subissons tous, plus ou moins consciemment, le règne qu'Annie Le Brun nomme le réalisme globaliste, et auquel elle tente de résister corps et âme au fil de ce livre parsemé de citations et exemples.

Comment ne pas penser, en cours de lecture et en matière de réappropriation, au ridicule caniche de Jeff Koons, vendu pour la modique somme de 58,4 millions de dollars, plagiant selon moi sans scrupule l'art de rue des sculpteurs de ballons pour investir les musées, ou pire encore, l'exemple fourni par Annie: l'exposition démesurée de Damien Hirst à Venise en 2017 avec ses "Trésors de l'épave de L'Incroyable", immense fumisterie commanditée par François Pinault (pineur de Schtroumpfs) pillant "l'histoire de l'art où tout n'existe plus que grossi vingt à cinquante fois" pour en faire un "gigantesque magasin d'accessoires, censé fournir le parc d'attractions mondial que le réalisme globaliste gère sous le label de l'art contemporain" (bande d'escrocs !).

Voilà pour les grandes lignes. Les enjeux étant évidemment le sens de l’œuvre contemporaine, l'absence d'esthétisme, l'authenticité et la sensibilité engagées de l'artiste, tout cela inversement proportionnel au prix fixé pour ces œuvres.

Pour conclure, et comme critiques légères à cet ouvrage essentiel à toute âme libre et insoumise qui s'intéresse un tant soit peu à l'Art, on peut avancer une surabondance de citations et une conclusion un peu expéditive qui laisse un sentiment d'abandon devant l'ampleur de la tâche:

"Pour l'heure, c'est à chacun de trouver les moyens d'en instaurer le sabotage systématique, individuel ou collectif.

En attendant, reste la désertion."

Car, sans doute, ce qui nous fait rêver, nous pauvres humains insignifiants, c'est l'inachevé du chant des possibles comme seule échappatoire à notre finitude.

Nielad-Divinorum
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le 14 janv. 2024

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